La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

98 LA «NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
cières. Son fondateur se tourne alors vers la puissante et
richissime Western Union Telegraph Company des frères
Vanderbilt. Il lui offre ses brevets pour 100000 dollars.
Ne croyant pas à l'avenir de ce nouvel appareil, la Western
Union décline l'offre. Elle se réveillera trop tard.
Ayant acheté les brevets d'Elisha Grey, elle est poursuivie
par la Bell Company qui revendique ses droits d'antériorité.
Plutôt que d'engager une procédure judiciaire
incertaine, les deux sociétés préfèrent négocier. Après un
premier refus de la Bell d'accepter un partage égalitaire
du marché, la Western accepte de céder à Bell la totalité
de ses intérêts dans le téléphone en échange d'une promesse
de ne pas venir lui faire concurrence dans son
domaine propre, les liaisons télégraphiques.
En ces premières années du téléphone, protégée par ses
brevets, Bell règne sans partage sur le marché américain.
Dès 1881, il n'y a déjà plus une seule ville de plus de
15 000 habitants qui n'ait pas au moins un central téléphonique.
En 1884, malgré des difficultés techniques
considérables qui tiennent à des problèmes mal résolus
d'amplification, les premières lignes grandes distances
apparaissent, reliant New York à Boston, Providence et
New Haven. En 1885 est formée l'American Telephone
and Telegraph Company, holding central et administratif
du groupe Bell.
Une application de la "théorie de la capture»
Cependant, le monopole des brevets Bell arriva à expiration
en 1894. Fort de son avance industrielle et
commerciale, Bell va continuer à dominer le marché. En
1907, la moitié des six millions de lignes téléphoniques
installées est une ligne Bell. Mais la concurrence explose.
A côté de Bell, se constituent des milliers de petites entreprises
qui créent leurs propres réseaux locaux de téléphone.
En 1900, on en comptait déjà 6 000 à travers tout
le territoire américain. Sept ans plus tard, il y en a
20000. C'est la période de concurrence «sauvage ".