La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

LES GRANDES ENTREPRISES... 203
tion visible entre concentration et profit, et cela même
pour les années étudiées à l'origine par Bain 27. La corrélation
positive obtenue par Joe Bain n'était que le produit
d'une technique statistique défectueuse et biaisée, reposant
sur un échantillon non représentatif de la population
étudiée.
On découvre que la vieille loi de l'égalisation tendancielle
des taux de profit jdue toujours
Une autre technique est d'interroger l'histoire et d'étudier
ce qui s'est passé autrefois lorsque de grandes vagues
de concentration ont donné naissance à de nouvelles
entreprises extrêmement puissantes et présentant toutes
les caractéristiques de firmes « dominantes ». Si la théorie
traditionnelle qui associe concentration et rentabilité est
juste, normalement, à la suite de ces opérations, les entreprises
auraient dû voir leurs résultats faire un sérieux
bond en avant.
Le grand l1}ouvement de concentration industrielle
intervenu aux Etats-Unis dans les années 1890-1900 offre
à cet égard un terrain d'étude exceptionnel en raison de
l'ampleur inhabituelle des opérations de consolidation qui
ont marqué cette époque 2.
Rarement on a vu se créer en si peu d'années un
nombre aussi important d'entreprises et de groupes industriels
représentant des parts de marché aussi écrasantes.
Rarement, nombre d'entreprises ont-elles aussi clairement
affiché qu'elles fusionnaient pour s'assurer un contrôle
monopolistique de leur marché. Qu'en est-il advenu?
Deux études de l'entre-deux-guerres nous donnent la
réponse. En 1922, Arthur Dewing analyse les résultats
financiers des trente-cinq plus grands trusts constitués à
l'occasion de cette vague de concentration 29. Son article
montre que pendant les dix années qui suivirent l'opération
initiale de fusion, les résultats des nouvelles entreprises
furent en moyenne inférieurs de 16 % à ce
qu'avaient été les résultats individuels moyens de firmes