La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

338 LA. NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
atmosphère de crise et un sentiment de fin du monde qui
favorisent les penchants autoritaires et collectivistes. Elle
évacue les vraies questions. Par exemple, le coût des
politiques de protection: même s'il était possible de
recréer une atmosphère pure, cela vaudrait-il la peine d'y
consacrer la totalité du PNB?
Elle néglige la nature subjective des problèmes et des
choix qui s'y posent. Par exemple: faut-il faire de la
Corse une réserve naturelle qui permette aux Corses
expatriés de revenir passer leurs vacances dans un pays
fidèle à leurs souvenirs d'enfance? Le besoin de soleil
des Parisiens, des Allemands ou des Suédois désireux d'y
faire du tourisme est-il moins légitime?
Gérer l'environnement c'est en permanence mettre en
concurrence des intérêts, des visions, des conceptions de
la vie différents mais également respectables. Pour un
libéral cette dimension concurrentielle - et donc réciproque
- des phénomènes de pollution est tout à fait
essentielle. Polluer une rivière en l'utilisant comme égout
naturel a pour conséquence que l'on empêche d'autres
utilisateurs (les pêcheurs du dimanche, les baigneurs, le
jardinier, le promeneur, l'amoureux de la nature) d'en
tirer un profit personnel. On leur impose un « coût ", une
externalité. A l'inverse, lorsque les voisins d'une usine,
les riverains d'un cours d'eau, les animateurs d'une association
locale de défense obtiennent des pouvoirs publics
qu'ils exigent d'une entreprise d'éliminer ses rejets, ils
sont les acteurs d'une «externalité» à l'encontre de la
firme ainsi contrainte de fonctionner avec des coûts de
production plus élevés. La rollution est donc un phénomène
social à double sens .
Dans une démocratie fondée sur l'égalité civile des
droits, l'industrie à autant de raisons de considérer que
c'est son « droit" d'utiliser les eaux de la rivière comme
égout naturel, que les riverains de demander qu'on respecte
« leur droit» d'accéder à une eau non polluée. On
est ramené à un problème classique de pouvoir et d'arbitrage
dans l'allocation des droits individuels à l'usage