La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

ANNEXES 427
est le contraire même de ce pourquoi les juges se croyaient précisément
fondés à intervenir.
Un savoir impossible
Ces critiques sont extrêmement importantes. Elles nous permettent
de mieux comprendre pourquoi, par définition, toute
velléité de confier à une autorité extérieure le contrôle, a priori
ou a posteriori, des contrats, est une absurdité intellectuelle.
La législation est conçue comme si ceux qui jugent les
contrats, et leur conformité avec la concurrence, étaient des
êtres «omniscients », en mesure d'accéder à la connaissance de
tous les faits pertinents nécessaires pour apprécier, dans chaque
cas d'espèce, les avantages relatifs de telle ou telle solution
commerciale. Ce qui précède nous montre à quel point une telle
attitude est le comble de toute prétention.
Tout d'abord, j'espère avoir démontré que les théories économiques
qui constituent le fonds de commerce des autorités chargées
de la surveillance de la concurrence sont affectées de telles
œillères qu'elles ne permettent pas de comprendre la raison
d'être d'un grand nombre de pratiques contractuelles pourtant
fort répandues. Nos analyses suggèrent que ce n'est pas parce
que les plus hautes autorités administratives ou judiciaires
portent des lunettes qui les empêchent de voir les services que
ces pratiques rendent aux partenaires qu'elles sont nécessairement
à condamner.
Ensuite, il apparaît clairement que les facteurs qui interviennent
pour déterminer les avantages et inconvénients relatifs
aux diverses solutions d'organisation commerciale, sont si nombreux,
et dépendent tellement de circonstances ou de conditions
spécifiques liées à des éléments eux-mêmes souvent on ne peut
plus contingents, qu'il est bien difficile d'imaginer qu'une instance
humaine, même particulièrement «éclairée », puisse
jamais accumuler la somme de savoirs et de connaissances qu'il
lui faudrait pour prétendre dicter aux agents économiques le
contenu, ou même tout simplement les limites de leurs contrats.
Croire qu'il existe un «savoir scientifique» disponible, susceptible
de donner les moyens intellectuels d'une telle action, est le
produit d'une erreur scientiste caractéristique. Cette observation
s'appuie notamment sur le fait que nombre de ces facteurs
qui interviennent de façon cruciale dans la détermination des
coûts et avantages relatifs des différentes solutions, relèvent
eux-mêmes d'éléments dont on peut montrer qu'il n'y a vraisemblablement
aucune chance qu'on puisse un jour les voir exp ri-