La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

HISTOIRE DES «SERVICES PUBLICS» 99
Techniquement parlant, sur le plan de la qualité, les
services se valent. La seule différence vient de ce que Bell
propose à ses clients l'avantage d'être reliés à un nombre
d'abonnés quatre à cinq fois supérieur à ce que peuvent
proposer les plus grands des petits réseaux. D'où des tarifs
qui sont eux aussi quatre à cinq' fois plus chers. Mais
comme à l'époque, ce que recherche le client est plus une
liaison de proximité que de pouvoir téléphoner au loin, il
s'établit une sorte de division des tâches: aux petites
compagnies l'avantage d'un tarif bas, à Bell l'avantage de
faire partie d'un réseau plus étendu.
Avec les progrès de l'interconnexion commence cependant
une nouvelle étape. Bell n'accepte de relier à son
réseau interurbain que les compagnies locales qui sont
d'accord pour abandonner leur indépendance et s'intégrer
à l'une des sociétés de téléphone du groupe. Certaines
acceptent. D'autres refusent. En réaction, des indépendants
se regroupent, créent leurs propres centraux d'interconnexion,
et se mettent même à poser des lignes et à
chercher des clients dans des zones desservies par des
sociétés locales membres du réseau Bell.
On est en 1907. Que se passe-t-il alors? Pour la première
fois on voit apparaître l'argument qu'une telle
concurrence est contraire à l'intérêt des usagers, qu'elle
entraîne des gaspillages, et qu'elle ne peut que retarder
l'équipement de tout le pays. Qui formule ces critiques?
Un homme politique dévoué au bien commun? Un économiste
de renom? Ni l'un ni l'autre. Tout simplement
Theodore Vail, le président d'AIT. « Le doublement des
lignes et des équipements, explique-t-il, est un gaspillage
qui coûte cher aux investisseurs; le doublement des
charges est un gaspillage qui coûte cher aux ysagers ... »
S'adressant aux députés des législatures d'Etat il les
invite à prendre des mesures pour protéger les abonnés
contre les agissements de ceux qu'il désigne comme « des
promoteurs sans scrupules »,
S'appuyant sur des théories économiques récentes,
jugées à la pointe du progrès de la connaissance, de telles