La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

158 LA« NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
sophistiqué, bénéficiant de l'activité d'un grand nombre
d'agents spécialisés; mais aussi par l'existence, au niveau
même de la propriété industrielle, d'un véritable marché
de "occasion aujourd'hui largement animé par l'activité
des conglomérats - ces fameuses équipes professionnelles
de « chasseurs d'entreprises» qui se font une spécialité de
faire des profits en reprenant des actifs industriels mal
managés.
A ceux qui voudraient rogner les ailes des conglomérats
en réglementant leurs activités, Yale Brozen répond avec
raison:
« Empêcher les entreprises de vendre librement leurs actifs à
d'autres firmes désireuses de les reprendre ou de les absorber, ne
peut que réduire la "marketabilité " de leurs immobilisations.
Ce qui ne peut avoir que des effets négatifs sur l'entrée de nouvelles
entreprises. Ceux qui se sentent une vocation et voudraient
créer leurs propres affaires, y seront moins incités et
auront plus de difficultés pour trouver les financements nécessaires.
La diminution de la " marketabilité " des actifs accroît
les risques encourus par ceux qui pourraient financer les efforts
des nouveaux entrepreneurs, et réduit les espérances de gains de
ces derniers.
«Dans cette optique, continue Yale Brozen, l'activité des
conglomérats est en réalité un facteur favorable à une meilleure
démographie industrielle. Lorsqu'on peut librement acheter et
vepdre des entreprises, avec le minimum d'interférences de
l'Etat, se développe un marché secondaire, tant pour les entreprises
prospères que pour celles qui le sont moins, qui permet à
leurs propriétaires de capitaliser le fruit d'efforts de toute une
vie à un prix suffisamment rémunérateur, et cela, en cas de difficultés,
sans avoir à connaître le coût élevé et traumatisant
d'une liquidation officielle. Un puissant marché secondaire,
nourri par un mouvement continu de fusions et d'absorptions est
ainsi un puissant stimulant au développement de l'esl?rit d'entreprise,
à celui du risque et de l'innovation industnelle.
« Quand un tel marché existe, ceux qui veulent se lancer dans
l'aventure industrielle trouvent plus facilement des financiers
pour les aider, car lorsq,.u'elles savent qu'elles prennent moins de
risques, les banques pretent plus aisément. SI une entreprise se
développe et atteint une dimension qui dépasse le savoir-faire de
ses createurs, les actionnaires ne sont pas coincés par un management
qui ne sait plus faire face à ses nouvelles responsabilités.