La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

ANNEXES 439
contraintes. Plus il est aisé pour les gens de changer de résidence
ou de déplacer leurs investissements, plus ils réagiront aux variations
de leur environnement législatif et réglementaire. L'essor
des nouvelles technologies, mais aussi les évolutions institutionnelles
telles que la réalisation du marché unique européen,
ont pour conséquence d'accroître l'élasticité de la demande des
gens pour vivre, travailler ou investir dans le pays ou la région
de leur choix.
Il n'y a pas si longtemps, tant que les coûts de transfert restaient
éleves, le législateur pouvait raisonnablement espérer que
relever les impôts lui rapporterait davantage de rentrées budgétaires.
Tout ce dont il avait à se soucier était d'estimer ses
besoins et d'évaluer la résistance politique de ceux à qui allait
incomber de parer la note. .
Aujourd'huI, 1 escalade du progrès technique a accru la réactivité
des populations. Désormais, ceux qui gouvernent doivent
s'inquiéter de voir la hausse des impôts entraîner l'exode des
contribuables et des capitaux, et ainsI se traduire par des pertes
de revenus fiscaux.
Parmi les gens particulièrement mobiles figurent ceux dont la
personnalité incorpore un quotient élevé de «capital humain ».
Or le savoir, l'intelligence, la compétence forment un capital
qu'il est difficile de confisquer au passage d'une frontière. Avec
les techniques modernes de communication et les ordinateurs,
ces gens et leurs usines se sont affranchis des contraintes de la
géographie. Ils peuvent aisément transporter leur capital au-delà
des frontières des juridictions politiques où le prélèvement fiscal
est devenu plus lourd. Pour cela, il leur suffit souvent d'emporter
avec eux quelques disquettes d'ordinateur.
Conséquence: les gouvernements vivent désormais dans un
monde où ils ne peuvent plus faire n'importe quoi; où ils ne sont
plus aussi libres qu'autrefois d'ajuster les impots à ce qu'ils estiment
nécessaire pour couvrir leurs besoins. La démarche du
gouvernement ne peut plus partir du besoin pour remonter à
l'impôt. L'autre a{>proche qui consiste à accroître les recettes en
facilitant les affaIres et en créant un climat plus favorable à
l'entreprise et à sa compétitivité, reprend davantage d'importance.
Logiquement, les hommes politiques devraient faire
I)lontre de moins d'enthousiasme pour le développement d'un
Etat qui requiert la levée d'imf,ôts toujours plus lourds.
C'est effectivement, semble-t-i , ce qui se passe déjà. l'évolution
politique dans la plupart des granas pays correspond à ce à
quoi il faut s'attendre dans un monde marqué par une plus
grande mobilité des facteurs. Témoin les grands sujets de discussions
politique et économique de l'heure: 1. l'économie de