La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet
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92 LA «NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE<br />
mésaventure. L'analyse n'invaliderait donc pas l'idée qu'il s'agit d'un<br />
domaine où il est nécessaire pour les pouvoirs publics d'intervenir pour<br />
protéger les investissements contre les effets destructeurs d'une concurrence<br />
«excessive ».<br />
Il est vrai que celui qui investit lourdement dans la construction d'un<br />
réseau de services publics prend le risque d'offrir une proie tentante à un<br />
concurrent agressif. Mais il en tiendra nécessairement compte dans ses<br />
calculs, comme tout autre risque (par exemple le risque de devenir technologiquement<br />
obsolète en raison de l'apparition d'une invention non<br />
prévue). Pour courir le minimum de danger, il essaiera de se protéger, en<br />
acceptant, par exemple, de ne fournir ses services que s'il obtient des<br />
consommateurs une promesse d'abonnement exclusif pour une période<br />
de temps suffisante.<br />
Pour le client, une telle contrainte est un inconvénient. Cela réduit ses<br />
possibilités de choix futurs, et le prive par exemple de certaines options<br />
qui seraient rendues possibles demain ear des progrès inattendus de la<br />
technologie disponible. Il est normal qu il n'ait guère envie de se lier par<br />
de tels engagements. Mais, à l'inverse, s'il refuse de prendre en compte<br />
les problèmes du producteur, il n'aura pas de service du tout, car celUI-ci<br />
ne sera pas produit. Il existe donc une marge de négociation qui doit<br />
conduire à un compromis.<br />
On se trouve devant un problème classique d'arbitrage dans le choix<br />
des caractéristiques d'un produit comme il en existe sur tous les marchés.<br />
Il s'agit de déterminer la bonne dose de flexibilité (ou d'inflexibibilité)<br />
sur laquelle les uns et les autres sont susceptibles de se mettre<br />
d'accord, compte tenu des contreparties (notamment de prix) que le producteur<br />
peut offrir à sa clientèle pour l'inciter à accepter son offre. Dans<br />
tout cela rien que de très classique. C'est précisément la fonction principale<br />
du marché et de la concurrence que de faire émerger, par ajustements<br />
progressifs, le contenu contractuel «optimal ».<br />
Une fois que le produit est lancé, et que le système tourne, à chaque<br />
fois qu'un abonnement arrive à échéance, le contrat du producteur entre<br />
en concurrence avec tous les autres contrats que seraient susceptibles de<br />
proposer d'autres compagnies en mesure de faire une offre meilleure.<br />
Pour éviter de se voir un jour expropriée contre son gré, l'entreprise n'a<br />
pas d'autre solution que de se montrer vigilante, et d'ajuster le contenu<br />
de ses contrats en permanence en fonction des évolutions qu'elle décèle<br />
dans les préférences de ses consommateurs. On a un marché concurrentiel<br />
dont la logique est de conduire à la structure de contrat la mieux<br />
appropriée aux préférences de la clientèle, celle qui, par définition, est la<br />
mieux à même de décourager les raiders potentiels.<br />
Troisième remarque,' lorsqu'il y a concurrence entre plusieurs firmes<br />
proposant des contrats différents, que se passe-t-il pour les abonnés qui<br />
ont signé avec l'une des firmes perdantes?<br />
Dans un premier temps, on aura plusieurs firmes sur les rangs, chacune<br />
proposant son propre projet. Lorsque les résultats des premières<br />
campagnes de marketing seront disponibles, les moins bien placées trouveront<br />
dans leur intérêt de fusionner avec l'une des deux firmes de tête.<br />
Celles-ci reprennent alors les contrats de leurs nouveaux associés.<br />
Pour empêcher que leurs clients ne se trouvent à la merci du bon vou-