La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

LE MYTHE DE LA «CONCENTRATION» 159
La société peut être revendue à une autre compagnie qui, elle, a
le know how qui fait défaut aux gestionnaires actuels. Tout cela
permet d'avoir un marché des capitaux plus fluide, plus liquide
et donc plus attractif. Ce qui rend l'activité innovatrice plus
rémunératrice et intéressante que si ce marché secondaire était
plus étroit et moins actif. C'est tout le domaine de la petite et de
la moyenne industrie qui ne peut que profiter et prospérer de
l'activité de tels groupes. Contrairement à ce que l'on est naturellement
tenté de penser, la présence de très grands groupes
financiers et industriels privés est un facteur important de la
démographie industrielle, et cela pas seulement par le biais de
leurs commandes et de leurs politiques de sous-traitance.»
Prenons un exemple. La fin des années 1960 a été une
période active de fusions, regroupements et concentrations
d'entreprises. Normalement on devrait s'attendre à
ce que cela se traduise par une diminution du nombre
d'entreprises. Or ce n'est pas du tout ce que l'on observe
dans les statistiques. Entre) 960 et 1970, le nombre total
d'entreprises opérant aux Etats-Unis passe de 1,1 million
à 1,6 million - soit une augmentation de plus de 40 %. Si
l'on se limite aux sociétés dépassant les 10 millions de dollars,
on trouve un résultat identique avec un accroissement
d'environ 40 %. Paradoxalement la grande vague de
concentration des années 1960 débouche sur un monde
industriel plus décentralisé et plus divers ...
Revenons à la grande période du début du siècle (1898-
1902). Cet épisode de l'histoire économique américaine à
ceci d'exceptionnel qu'en quelques années il a réellement
conduit à l'apparition d'une liste impressionnante d'entreprises
géantes (du moins pour l'époque), bénéficiant de
positions de monopole ahurissantes par rapport aux critères
actuels. C'est ainsi qu'au début des années 1900 on
ne compte pas moins de vingt-six grandes sociétés avec
des parts de marché supérieures à 80 %. Soixante-dix-huit
secteurs industriels ont un degré de concentration
(mesuré par la part de marché des quatre premières
firmes) supérieur à 50 % - contre dix-neuf seulement en
1947. C'est dire l'intensité du, phénomène de concentration
qui a marqué la Belle Epoque.