La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

162 LA« NOUVELLE ÉCONOMIE» INDUSTRIELLE
mettre à l'abri de toute concurrence 10. Par ailleurs, des
études complémentaires confirment que le groupe des
quatre premières firmes de chaque secteur est très loin de
former un club aussi stable et aussi fermé qu'on le suppose
bien souvent: on observe qu'en 1958, dans cent
soixante secteurs industriels (sur deux cent quatre), la
liste des quatre premières firmes comprend un nom qui
n'apparaissait pas dix ans plus tôt. Une telle mobilité,
sur une période aussi courte (à l'échelle de la vie industrielle)
contredit l'opinion classique selon laquelle c'est
1'« inertie» qui dominerait l'évolution des structures sectorielles
Il.
Les lois antitrust n'ont pas changé grand-chose
Toutes ces données concordent. Elles suggèrent que la
concurrence est une réalité industrielle beaucoup plus
présente et pressante que la plupart des gens le croient
habituellement, même les économistes professionnels. Il
ne suffit pas d'avoir la puissance économique pour croire
qu'on est définitivement à l'abri de toute menace. De
nombreux managers en ont fait la triste expérience. L'histoire
est pleine de tombes d'entreprises qui furent un jour
« géantes» et leaders, mais qui n'ont pas survécu à l'agression
de concurrents, pas nécessairement plus gros, mais à
tout le moins plus habiles et plus performants. Elle
montre qu'il ne suffit pas de s'allier, de fusionner, de se
concentrer pour écarter avec succès de telles menaces.
La dimension n'est un atout économique que si elle
s'accompagne d'un dynamisme industriel suffisant. En
aucun cas elle ne peut s'y substituer. Ce n'est pas parce
qu'on est grand et gros, qu'on a la garantie de tout réussir.
La loi de la concentration croissante n'est pas une fatalité.
C'est une illusion. Une loi fausse est contraire à la vérité,
même si la majorité d'entre nous continue d'y croire en
raison de la myopie qui nous affecte par rapport à tout
phénomène dont l'échelle de temps dépasse notre petit
horizon d'être humain.