La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

HISTOIRE DES «SERVICES PUBLICS» III
de distribution. Leur gestion est transférée à une commission
administrative de l'État où se trouve désormais le
véritable pouvoir. Dès 1914, plus de la moitié des États
américains auront adopté une législation copiée sur le
même modèle. Les autres ne s'y rallieront que beaucoup
plus tard.
Pourquoi ce revirement? Les explications officielles ne
manquent pas. C'était le désordre, l'anarchie des tarifs, la
concussion généralisée. Les, municipalités, nous dit-on,
n'étaient pas outillées pour assurer efficacement le
contrôle et la gestion des concessions. Là où elles mènent
une politique active de mise en concurrence, on leur
reproche de s'opposer aux regroupements industriels
indispensables et d'empêcher l'industrie de tirer parti de
ses rendements d'échelle croissants. Ailleurs, c'est la
même politique que l'on accuse de conduire à des gaspillages
humains et industriels. Lorsque les autorités se
montrent favorables aux grandes entreprises, on leur
reproche de s'être fait acheter. Tous les prétextes sont
bons pour demander qu'on remplace l'" amateurisme»
municipal par le contrôle d'une administration de « professionnels
». C'est ainsi que naît dans les années 1910 le
régime de «régulation» de l'industrie électrique américaine
encore en vigueur aujourd'hui.
Qu'y a-t-il de vrai? L'idéologie dominante nous assure
que les pouvoirs publics sont intervenus pour prendre la
défense des consommateurs d'électricité contre le développement
des grandes structures monopolistiques qui
commençaient à envahir le secteur. C'est à cette époque
que la théorie du «monopole naturel» prend d'ailleurs
son essor. Mais si cette hypothèse est juste, on est en
droit de supposer que ,les premières «régulations» ont
été adoptées dans les Etats où les pratiques en matière
de concessions étaient les plus favorables aux Il}onopoles
et à la grande industrie; et que c'est dans ces Etats que
les prix relatifs de l'énergie électrique devaient être les
plus élevés.