La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

LES GRANDES ENTREPRISES... 187
Ainsi que le souligne le professeur Thomas Di Lorenzo,
de George Mason University, dans une étude sur les origines
de la législation antitrust américaine, l'idée que des
entreprises « dominantes » puissent, en « abusant » de leur
puissance industrielle, financière et commerciale, par
leurs seuls moyens, se mettre en quelque sorte « en
congé» de concurrence, leur est complètement étrangère
9. Dans l'univers ql!i est alors le leur, où l'intervention
économique de l'Etat est encore très limitée (bien
qu'elle ne soit pas nulle du tout: exemple des chemins de
fer), ce qui les frappe est plutôt l'extraordinaire fragilité
de ces mastodontes face aux forces sans cesse renouvelées
de la concurrence, même lorsqu'ils représentent 70, 80 ou
même 90 % d'un marché. Que les spectaculaires concentrations
de capitaux et de moyens dont ils sont les témoins
puissent aller à l'encontre des intérêts économiques du
public est une proposition qui leur paraît absurde, et
d'autant plus irréelle que c'est précisément dans les secteurs
où les restructurations industrielles sont le plus activement
menées que les baisses de prix (réels) sont les plus
fortes. Fusions et concentrations sont vécues comme le
produit d'un processus darwinien d'autosélection par le
marché des formes d'organisation et de coopération les
plus efficientes. A leurs yeux, rien ne permet de dire si
plus de petites entreprises et moins de grandes est préférable,
ou l'inverse.
Ce n'est qu'à la faveur de la crise des années 1930 que
s'impose la théorie moderne de la concurrence
Le passage à la conception moderne des problèmes de
concurrence commence seulement à se manifester à partir
des années 1930, lorsque les événements conduisent les
économistes à s'interroger sur les origines de la crise.
Un travailleur sur trois est au chômage. Les prix s'effondrent,
les entreprises font faillite. Les files d'attente
s'allongent devant les soupes populaires. Le protectionnisme
se généralise, réduisant à néant les échanges inter-