La nouvelle économie industrielle - Institut Coppet

332 LA« NOUVELLE ÉCONOMIE. INDUSTRIELLE
Contrairement aux idées reçues, la propriété privée
encourage la bonne gestion même lorsque le propriétaire
semble ne se préoccuper que du court terme, et ne se
soucie guère de l'intérêt des futures générations. Aussitôt
que les premiers signes d'une mauvaise gestion se font
sentir - par exemple les premières indications d'une érosion
des sols - la pression des acheteurs potentiels projettera
dans le futur les répercussions de ces symptômes, et
la valeur de la propriété s'en trouvera d'autant diminuée
dans le présent. Cette démarche qui consiste à capitaliser
en les actualisant les bénéfices et les coûts futurs
des décisions d'aujourd'hui, est l'un des mécanismes les
plus fondamentaux - mais aussi les plus mal connus - du
système de marché.
Voici quelques exemples pour illustrer cette relation
entre propriété et environnement.
Les pêcheurs se plaignent de l'épuisement des ressources
maritimes. On accuse la « concurrence sauvage»
des flottilles industrielles. La vraie raison vient de ce que
la mer est un «bien libre », une propriété typiquement
collective.
Il en va de même pour l'air pur, qui joue de plus en
plus un rôle de poubelle universelle.
Si les baleines sont en péril, c'est bien parce qu'elles
n'appartiennent à personne. Aucune population animale
« domestique» n'est menacée d'extinction.
Tout le monde déplore les incendies qui ravagent régulièrement
le maquis corse. La faute en remonte à une loi
de Napoléon qui a exonéré ses compatriotes de droits de
succession pourvu qu'ils demeurent dans l'indivision.
Une grande partie du territoire corse est ainsi devenue
en réalité un «bien commun» s.
Prenons la chasse. Les seuls départements français où
se maintient un gibier abondant et naturel sont le Haut­
Rhin, le Bas-Rhin et la Moselle, pays où la survivance du
droit allemand évite l'application de la désastreuse loi de
1964 (sur l'impossibilité pour les propriétaires de moins
de vingt hectares de s'opposer à la chasse sur leurs terrains).