L'analyse de l'activitÃ© dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

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PREMIÈRE PARTIE – UN PARCOURS, LA DEMARCHE, LE CADRE CONCEPTUELFrançoise RABY - HDR - Volume 1 - Synthèseexperts. Une fois ces connaissances et ces savoir-faire dégagés et objectivés, nousavons pu les mettre à la disposition des élèves, pour l’apprentissage de l’anglais, oudes maîtres, dans les situations d’enseignement (voir quatrième partie de ce dossier).Les compétences sont organisées en unités coordonnéespour la réalisation d’un objectif. […] Dans une formule,sans doute un peu lapidaire mais imagée, Singleton (1978)disait des compétences (skills) qu’elles sont « des briques deconstruction qui sont mises ensemble pour engendrer descompétences plus complexes. » [p. 10]Or, l’assimilation entre habileté et compétence pose, selon moi, une difficultéd’ordre didactique que nous avons soulevée avec Baillé dans l’article déjà cité. Nousavons souligné l’importance des mécanismes contextuels dans la mise en œuvre descompétences. À ces mécanismes contextuels, largement sous-estimés par l’ordredidactique, il faut ajouter une confusion d’ordre sémantique entre compétence ethabileté. Dans nombre de ses usages, le terme français compétence renvoie moins aumot anglais competence, qui signifie capacité ou aptitude, qu’à skill, qui seraindifféremment traduit par habileté ou compétence. Contrairement à Leplat quiconsidère les termes équivalents, nous pensons que la différence de dénotation mérited’être abordée comme question fonctionnelle, car elle recoupe celle de la nature desvariables et facteurs qui décrivent ces dites compétences et les transforment en objetd’évaluation.Quoique déterminante pour la différenciation en contextedes individus, une habileté peut être décrite par desvariables comportementales et/ou procédurales isolées,directement attachées à l’exécution d’une classe de tâches,sans tenir compte de l’environnement dans lequel chacunes’inscrit.Si le mot habileté dénote des procédures locales, nonnécessairement transférables à d’autres objets, repérablesdans une performance isolée, alors la compétence s’endistingue, en recouvrant des conduites plus molaires etsurtout des potentialités. [Doc. 8. p. 16, T1]Ce qui pose, finalement, le problème de l’évaluation.La notion de compétence est abstraite et hypothétique. Lescompétences sont par nature inobservables : ce qu’onobserve en sont les manifestations. C’est à partir de cesmanifestations que sont insérées les compétences. [Leplat,op. cit., p. 56]108
PREMIÈRE PARTIE – UN PARCOURS, LA DEMARCHE, LE CADRE CONCEPTUELFrançoise RABY - HDR - Volume 1 - SynthèseJ’en tire, pour ma part, deux conclusions majeures. Premièrement, ce n’est pas eninterrogeant les agents qu’on peut évaluer leurs compétences (cela serait tellementpratique !). C’est le problème que pose le portfolio si on le considère comme outild’évaluation et non de formation. Deuxièmement, il est très difficile d’inférer lacompétence à partir d’une seule tâche. Aussi, l’évaluation des apprenants devraientellese faire en continu, car seule une évaluation en continu permet d’appréhender, àtravers plusieurs tâches ou des tâches répétées, le répertoire de connaissances et deprocédures développé par un sujet.Ce cadre théorique m’a servi à établir des styles d’apprenants ou d’enseignants enprise avec des tâches d’apprentissage langagier (l’anglais) ou de formation, en medémarquant d’une conception normative de la compétence, telle qu’elle a longtempsdominé la DDL, c’est-à-dire une conception qui calquait l’acquisition de la LVE surla langue première. Il m’a aussi amenée à concevoir la formation en fonction nonseulement des buts didactiques, mais aussi des compétences requises selon lespublics, les contextes et les conditions sociales du travail, notamment dans le cas dutravail de doctorat de Naïmo [2008] qui portait sur la formation des instituteurs auTchad, ou celui d’El Sir El Hamin qui analysait les difficultés des jeunes soudanaisesà s’engager dans des activités de production orale en classe de langue, pour desraisons sociales et religieuses.ConclusionPour conclure, il me semble qu’il existe aujourd’hui une grande adéquation entrecette vision de la compétence et la perspective du cadre qui ne fait que la préciser,dans le cas des langues, et ce pour une raison assez simple : l’ergonomie cognitive,tout comme le cadre, met l’action et la tâche au cœur du processus d’apprentissage.L’élargissement du champ de la compétenceL’élargissement de la notion de compétence a été la conséquence de mesobservations en classe de langue, que ce soit dans le cadre de mes recherches, decelles des étudiants, ou encore en allant visiter les classes au collège et au lycée. Une109
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