L'analyse de l'activitÃ© dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

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DEUXIEME PARTIE – RECHERCHES SUR LE TERRAIN DES TICE EN ERGONOMIECOGNITIVE DE LA LVEFrançoise RABY – HDR - Volume 1 - Synthèserègle. Je ne pouvais pas non plus attribuer les différences à la nature de la tâchecomme « compréhension orale » versus « compréhension écrite ». Enfin, et surtout,je ne pouvais pas répartir les graphes simplement selon les étudiants. Chaqueapprenant aurait eu son style de graphe qui aurait traduit son style d’apprentissage,or, les différences intra-individuelles entre les séances étaient importantes.J’ai alors systématiquement croisé les comportements avec les traces de l’activitélangagière, les prises de notes ou les productions en anglais. Enfin, j’ai confronté cesrésultats, parfois assez mystérieux, avec les représentations des apprenants [Doc. 9,pp. 198-199]. Cette procédure de triangulation m’a permis de découvrir ce quiregroupait les graphes entre eux. Ce n’était pas la tâche telle que définie par lesprofesseurs d’anglais (tâche dite de compréhension ou de production) mais la tâcheredéfinie par l’étudiant. En réalité, c’était le but que l’étudiant assignait à sonactivité, puis la manière dont il redéfinissait ses propres buts tout au long de la tâche,qui « expliquait » la succession de comportements. Je voyais là, pour ainsi dire« sous mes yeux », la confirmation du modèle ergonomique de la transposition et dela redéfinition de la tâche emprunté à Leplat [1997], que j’ai exposé dans la troisièmepartie de cet ouvrage. C’était la tâche effective, appelée encore tâche actualisée, quipilotait l’activité des élèves, les comportements l’attestaient. De plus, l’analysecroisée des données faisait apparaître que les comportements s’organisaient enséquences qui se répétaient. Il était intéressant de constater que plus le but était richeet varié, plus les comportements étaient courts et bien séquentialisés, tandis que plusle but était restreint (par exemple, le simple visionnage d’un film en médiathèquesans prise de notes), plus les comportements étaient limités et de longue durée. Lesgraphes de navigation permettent également de suivre l’évolution des comportementstout au long de la séquence observée et m’ont fait découvrir l’importance de ce quej’ai appelé les comportements instrumentaux, ceux qui révélaient un processus derégulation de l’activité : la prise de notes, les vérifications de tout ordre, les momentsde pause, les demandes auprès des tuteurs ou des pairs, etc. 38 L’organisation de ces38 On notera que l’analyse des correspondances multiples, dont il sera question au chapitre suivant,a dévoilé que ces comportements instrumentaux expliquaient la variance bien plus que lescomportements d’exécution de la tâche, c’est-à-dire le travail de compréhension ou d’expression entant que tel.128
DEUXIEME PARTIE – RECHERCHES SUR LE TERRAIN DES TICE EN ERGONOMIECOGNITIVE DE LA LVEFrançoise RABY – HDR - Volume 1 - Synthèsecomportements instrumentaux a fait apparaître le passage des stratégies aux règlesd’usage.J’ai pu alors modéliser le comportement des élèves en autonomie guidée et enextraire trois règles d’usage du dispositif « médiathèque » : épistémique,pragmatique ou mixte.Le modèle épistémique correspondait à une activité orientée « savoir langagier ouculturel ». Mis devant une tâche de compréhension d’un récit, d’un dialogue ou d’unfilm, l’étudiant se servait de ce travail pour acquérir des connaissances lexicales etgrammaticales sur la langue anglaise. Le modèle pragmatique ou instrumental étaitorienté procédure/résultat. Ce type d’observation correspondait à un travail depréparation à un examen comme le TOEFL, le TOIC ou encore le Cambridge FirstCertificate, pour lequel l’étudiant venait s’entraîner en autonomie sur toutes sortes desupports. L’apprenant activait peu de comportements de consultation et ses prises denotes consistaient uniquement à relever son score à chaque item du devoir. Enfin, lemodèle mixte correspondait à un étudiant qui poursuivait les deux types de buts enmême temps : acquisition de la langue et entraînement à l’examen. Ces grilles sontcelles qui comprennent les comportements et prises de notes les plus variés et lesplus complets.Les traces de l’activité, un matériau important de rechercheLe traçage de l’activité préoccupe depuis longtemps les chercheurs en EIAH[Rossel, 2005 ; Adam, Michelet, Martel, David, Guéraud, 2007] et depuis un peumoins longtemps les chercheurs en ALAO 39 . Plusieurs intervenants au congrès deRANACLES ont abordé cette question, qui n’a pas fait, à ma connaissance, l’objetd’un véritable programme de recherche comme en EIAH. Il convient de biendistinguer les notions de suivi et de traçage, qui ne recouvrent pas les mêmesobjectifs ni les mêmes procédures. Le suivi de l’apprenant concerne les stratégiesd’aide mises en œuvre par l’enseignant dans sa fonction de tuteur (nous en verrons39 Sur ce sujet, on peut consulter le rapport de recherche CPER / IRSHS 2005-2007 de l’universitédu Havre. Agents pédagogiques et agents cognitifs dans les systèmes médiatisés d’apprentissage àdistance. URL :bertinjc.free.fr/Rapport%20Agents%20Pedagogiques%20Juin%20%202007.pdf.Dernière consultation, septembre 2009.129
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