L'analyse de l'activité dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

PREMIÈRE PARTIE – UN PARCOURS, LA DEMARCHE, LE CADRE CONCEPTUELFrançoise RABY - HDR - Volume 1 - Synthèsefin, j’ai demandé un délai de six mois de travail, au cours desquels j’ai visitéplusieurs centres de langue existant dans le domaine de la formation continueet des centres de langue européens et j’ai proposé de fonder notre démarche surl’association entre LVE + autonomie guidée + nouvelles technologies. Cecentre de langues fut le premier en France créé pour la formation initiale etrépondant aux critères établis par la Conférence Européenne des Centres deLangues (CERCLE 6 ) ; il est devenu, pour les collègues regroupés au sein del’association RANACLES 7 , un centre pilote du point de vue de l’apprentissagedes langues assisté par les technologies éducatives. Mon passage au centre delangues marque un tournant dans ma carrière de didacticienne de l’anglais àplusieurs égards. Tout d’abord, il détermine le passage d’une didacticiennepraticienne à une didacticienne chercheuse en didactique de l’anglais. Le souciconstant d’aider mes élèves à prendre confiance en eux-mêmes, à surmonterleurs difficultés et à améliorer leurs connaissances en anglais, m’a conduite surles chemins des théories psychologiques de l’apprentissage d’une LVE[Gaonac’h, 1990, 2004 ; Narcy, 1990 ; et voir pour une revue, Dörnyei, 2009].Suite à dix années d’enseignement de l’anglais au lycée puis à l’université, leproblème se posait en ces termes : est-ce que la LVE s’acquiert ou est-ce que laLVE s’apprend ? Il ne semble pas que la question soit aujourd’hui vraimentréglée ! Or, la réponse a un impact direct sur la manière dont on conçoitl’enseignement de la langue. Certains postulaient que la LVE s’acquérait,autrement dit qu’elle se développait, selon des modèles issus des théories surl’erreur de Chomsky et revues par les travaux de Corder [1967], de Selinker[1972] qui créa la notion d’interlangue, de Krashen [1982, 1983] centrés surl’input, et enfin de Cook [1990]. Adopter cette perspective avait deuxconséquences didactiques majeures : l’une d’ordre affective, l’autre d’ordreépistémique. La première, issue de la théorie de l’interlangue, consistait à nepas dénoncer les erreurs comme des fautes, des manquements à la norme, et àne plus stigmatiser les apprenants dont les erreurs étaient systématiquement6 Ces critères étaient les suivants : autonomie de budget, de locaux et de personnel. Nousavons, d’ailleurs, organisé le premier rassemblement officiel des centres de langues français en19947 Rassemblement des Centres de Langues de l’Enseignement Supérieur18