L'analyse de l'activité dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

PREMIÈRE PARTIE – UN PARCOURS, LA DEMARCHE, LE CADRE CONCEPTUELFrançoise RABY - HDR - Volume 1 - Synthèseréalité fort simple s’est imposée à moi : si les élèves ne sont pas au travail, tous lesmodèles du monde du fonctionnement de la mémoire, de l’élaboration des plans, dela construction des connaissances sont inopérants. C’est bien là ce qui distingue lasituation d’apprentissage en milieu exolingue de la situation d’apprentissage enmilieu endolingue, et non la prétendue authenticité dont on nous parle constamment.En situation endolingue, le cerveau est continuellement sollicité et l’exposition esttelle qu’une forme d’apprentissage implicite se développe ; à l’inverse, en situationacadémique, l’exposition est moindre et provient souvent de sources restreintes : laparole de l’enseignant, le personnage sur la vidéo. De plus, ces énoncés nes’adressent pas forcément individuellement à l’élève mais à l’ensemble de la classeou à un autre élève interrogé. À partir de là, l’attention de l’apprenant peut vite sedétourner de la tâche qui, en situation académique, est le vrai moteur del’apprentissage. La compétence émerge dans l’action, certes, mais si l’engagementdans l’action ne se fait pas, elle ne peut se développer. Ainsi est apparue la questionde la motivation.Il faut dire que je menais, parallèlement à ce travail sur les compétences, mesrecherches sur les sages des TICE. Mes recherches sur le travail en autonomiemontraient que le processus d’appropriation de l’instrument passait par l’engagementde l’étudiant dans une tâche redéfinie par lui et pour lui. De même, si les enseignantsrefusaient l’innovation, l’usage était caduc, tout simplement. Ces observations onteu, pour moi, deux conséquences théoriques : la première a été de revoir le modèlepiagétien de l’apprentissage en introduisant un schème de la réfutation ; la deuxièmea été d’associer cognition et conation comme composants inséparables de l’activité,ce qui m’a amenée à étudier la motivation.Elles m’ont donc poussée à compléter la vision classique des schèmes piagétiensen introduisant un nouveau schème, que j’ai nommé schème de la réfutation. Jedésigne ainsi le processus par lequel un individu, en proie au déséquilibre créé par lanouvelle situation, n’intègre pas cette nouvelle situation dans un schème existant(assimilation) et n’accommode pas non plus les schèmes existants à la nouvellesituation (accommodation). Face à la nouvelle situation, l’individu gomme purementet simplement tous les traits de la situation qui le dérangent pour une raison ou une110