L'analyse de l'activitÃ© dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

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TROISIEME PARTIE – RECHERCHES SUR LE TERRAIN DES TICE EN ERGONOMIECOGNITIVE DE LA LVEFrançoise RABY – HDR - Volume 1 - SynthèseCes propos ont pour intention de clarifier mon positionnement. Etant donné que jene crois pas à une vérité métaphysique de la motivation qu’il me serait peut-êtredonné un jour d’atteindre, je m’en tiens au plan phénoménologique qui est celui del’activité des agents dans la classe de langue, et je tente de construire un modèle quime permet de comprendre ce qui pousse les agents de la classe à se mettre ou non autravail, à persister dans leurs efforts, ce qui couronne ou non de succès ces efforts et,pour finir, ce qui les décide à maintenir leur engagement dans le travail ou, aucontraire, à tout arrêter. Si je parviens (et c’est le cas souvent dans le travail que jemène avec les professeurs stagiaires) à mieux comprendre ces mécanismes, je peuxcontribuer à l’amélioration des dispositifs d’enseignement/apprentissage des langues,notamment les dispositifs instrumentés. Là réside, in fine, toute l’ambition de mesrecherches sur la motivation.Dans le chapitre 14, je présenterai mes réflexions sur les relations entre lamotivation et la motivation en SLA (Second Language Acquisition), dans le chapitre15, je présenterai le modèle ergonomique de la motivation sur lequel je me suisappuyée pour construire mes recherches empiriques. Dans le chapitre 16, j’aborderailes questions principales auxquelles mes recherches ont tenté de répondre. Enfin,dans le chapitre 17, j’exposerai les conséquences de ces résultats sur mon travail demodélisation avec l’élaboration d’un nouveau modèle polytomique et pondéré.Chapitre 6 De la motivation à la Motivation pourl’Apprentissage d’une langue en Situation Académique(M.A.L.S.A)L’épineuse question de la motivationQu’est-ce que la motivation ?Il en va de la motivation en classe de LVE comme de tous les processus cognitifs :elle n’est pas perceptible, elle n’est pas visible, elle n’est même pas extrayable descomportements (comme un génie, caché derrière le rideau rouge du théâtre de nos200
TROISIEME PARTIE – RECHERCHES SUR LE TERRAIN DES TICE EN ERGONOMIECOGNITIVE DE LA LVEFrançoise RABY – HDR - Volume 1 - Synthèsepensées, prêt à entrer sur scène si le chercheur savait s’y prendre !). Selon moi, lamotivation est un construit du chercheur qui s’en sert, comme de tout modèle, pourtenter de décrire et de comprendre le comportement humain. La motivation ne résidepas dans la tête du sujet que nous étudions, elle réside dans la tête de celui ou de cellequi observe le comportement d’un sujet et tente de le comprendre. Il est rare, eneffet, qu’un élève qui refuse d’écouter le cours parce qu’il converse avec son voisinse dise en même temps « tiens, je ne suis pas motivé aujourd’hui ». Pour qu’il prenneconscience de cet état, il faut que la situation l’exige, soit en amont (« vais-je ou nonme mettre à écouter ? Pourquoi ? Qu’est ce que cela va me coûter ? Qu’est ce quecela va m’apporter ? »), soit en aval (« Oh là là, non, là, je n’ai vraiment pas bienécouté mais ça me ‘gonflait’ ce film »). Certes, l’apprenant peut prendre consciencede ce problème et y réfléchir. Mais il ne pensera pas en termes de motivationintrinsèque ou extrinsèque ! La réflexion sur les théories de la motivation reste ledomaine du chercheur.Je pense donc que la motivation, tout comme le schème, pour prendre un autreexemple, n’a pas de réalité phénoménologique dans le cerveau de l’agent, qu’il s’agitd’un modèle, d’un concept, d’une construction dont le chercheur se sert pour décrireet interpréter des comportements. Une fois posée cette assertion qui peut choquercertains par son côté radicalement relativiste (mais je pense, à la manière de Putnam[1983], que les mondes sont plus faits que trouvés), on ne s’étonnera plus que lesscientifiques aient tant de mal à définir un état motivationnel et que cet état puisseêtre décrit en des formalismes très différents. Dans son livre Théorie de la motivationhumaine [1980], Nuttin va dans mon sens quand il relate ce que furent les péripétiesde la motivation [pp. 25-33] avant que le cognitivisme ne s’empare du sujet. Lamotivation fut définie comme stimulus et charge d’énergie par les psychanalystes[Freud, 1900] mais aussi par les éthologistes [Lorenz, 1937], comme une associationapprise chez les behavioristes [Skinner, 1967], comme un facteur physiologique oucomme une activité spontanée, et chacune de ces définitions portait la marque de ladiscipline ou du champ scientifique dans lequel le chercheur évoluait. À la manièrede l’esprit chez Sternberg [1994], la motivation ressemblait finalement plus à unemétaphore qu’à un concept. Mais aujourd’hui encore :201
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