L'analyse de l'activité dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

TROISIEME PARTIE : RECHERCHES SUR LA MOTIVATIONFrançoise RABY-HDR Volume 1 – Synthèse-« quelles sont vos missions d’enseignement ? », ils répondent de manière assezgénérale et distancée, à l’instar de cet enseignant d’allemand :« Bah, écoutez… c’est de fournir un enseignement de langueà des étudiants non-spécialistes, c’est ça la définitionofficielle, c’est-à-dire de permettre à des étudiants qui nesont pas des linguistes, des étudiants de sciences sociales etde sciences humaines de continuer à faire des langues et àse perfectionner. » [Borges, 2001, entretien 1]La mission d’accompagnement de la recherche sur les TICE et la mission ducentre de ressources pour les autres collègues de l’université ressortaient peu desentretiens et lorsqu’elles étaient mentionnées, elles l’étaient plus comme descontraintes externes que comme des déclencheurs d’engagement [Narcy-Combes,M.-F. et J.-P., sous presse). L’analyse du positionnement des enseignants locuteursvis-à-vis du projet, grâce à l’étude des déictiques comme l’utilisation des pronoms je,il, nous, on, a été révélatrice de la distance motivationnelle qui les séparait de leur« mission ». Or, et c’est là tout l’intérêt de la triangulation, au fur et à mesure desentretiens, l’implication des cinq enseignants interrogés dans le projet du CLV etdans ses missions grandissait. Il faut dire que l’interviewer ne les interrogeait plussur leurs missions mais sur leurs tâches. L’engagement est alors apparu, souvent demanière très passionnée, dans la description détaillé du système pédagogique qu’ilsont mis en place et dans leur souci de l’améliorer en permanence : on retrouve là lescaractéristiques de l’enseignant innovateur [Cros & Adamsczewski, 1996]. De plus,les difficultés auxquelles ils étaient confrontés, les doutes qui les assaillaient,l’incompréhension de leurs étudiants, l’indifférence relative des autorités, la jalousiequ’ils suscitaient auprès des autres enseignants, rien de tout cela ne semblait entamerleur motivation : ils avaient envie d’agir, ils maintenaient leurs efforts et ils étaientprêts à recommencer. Je précise que la recherche a duré trois ans, avec une périodede préobservation de six mois, suivie d’une observation d’un mois, et des entretienset traitements de données qui ont occupé la dernière année [Borges, 2001].Effet sur le modèleDu point de vue des résultats, la recherche m’a mise sur la voie du poids relatifdes facteurs de la motivation et de leur nature ambivalente.245