L'analyse de l'activité dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

DEUXIEME PARTIE – RECHERCHES SUR LE TERRAIN DES TICE EN ERGONOMIECOGNITIVE DE LA LVEFrançoise RABY – HDR - Volume 1 - Synthèseles caractères que nous resituait le modèle et avons constaté que les comportementsinstrumentaux arrivaient en première place : le fait de faire des pauses, de consulterun tuteur ou un pair, de regarder dans un dictionnaire, etc. J’avais plus ou moinsdevant les yeux l’illustration de la théorie de Rabardel, relative à la construction desschèmes instrumentaux. Ce qui caractérise une activité d’apprentissage, c’estl’appropriation par le sujet du dispositif qu’on lui propose, appropriation qui passepar l’élaboration de procédures de transformation, voire de détournement, queRabardel qualifie de catachrèse. Nous avons fait tourner le modèle jusqu’à que lessupports apparaissent. Un autre résultat nous a alors frappés : la proximité entre lechamp disciplinaire des étudiants et le choix des supports. Par exemple, les étudiantsde l’IEP utilisaient majoritairement l’ordinateur pour des tâches de préparation auTOEFL, tandis que les étudiants de psycho et de socio utilisaient majoritairement lavidéo pour regarder des films ! On trouvera un énoncé complet des principauxrésultats dans le Document 10 [p. 210, T1]. L’idée n’est pas ici de rendre compte decette recherche mais de montrer que l’outil informatique est bien plus qu’un outil ausens de Leroi Ghouran [1965], à savoir un prolongement de l’organe, un instrumentqui permet au chercheur de produire des résultats qu’il ne pourrait pas obtenir sansson aide. D’autre part, cette toute première expérience a attiré mon attention sur lanécessité d’être formée et de former les doctorants au maniement de ces instruments.Pendant longtemps, j’ai eu du mal à interpréter certains résultats statistiques alorsmême que l’ordinateur m’en livrait à profusion. La raison en était fort simple : je nemaîtrisais pas assez bien le modèle statistique, non sur un plan technique(l’ordinateur s’en charge) mais sur le plan théorique : à quoi sert une ACM etcomment est-ce que cela fonctionne ? J’ai notamment rencontré le directeur dulaboratoire de statistique de mon université, à qui j’ai soumis mes interprétations.Son conseil, pour que mes résultats soient plus conformes à mes attentes, futd’éliminer un certain nombre de variables qui faussaient les modèles. Je lui ai alorsjustement fait remarquer que le fait que les supports ne ressortent pas était pour moiun résultat et que ce n’était pas grave si les résultats contredisaient le modèle. Noussomme parvenus à nous comprendre après quelques difficultés, illustrant ladifférence essentielle qui sépare une science fondamentale d’une science appliquée.En tant que statisticien « pur », il cherchait à valider son modèle ; en tant que158