L'analyse de l'activité dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

PREMIÈRE PARTIE – UN PARCOURS, LA DEMARCHE, LE CADRE CONCEPTUEFrançoise RABY - HDR - Volume 1 - SynthèseLa simulationLa simulation occupe une place importante en didactique des langues car, prisedans l’acception commune, toute activité dialoguée en classe de langue estsimulatoire. En effet, élèves et enseignants se comportent comme si leursinterlocuteurs étaient, par exemple, anglophones, alors que ce n’est pas le cas et qu’ilserait beaucoup plus normal qu’ils s’adressent à eux dans la langue maternelle. J’aiétudié, avec Dessus, les problèmes que génère une simulation didactique mal pensée[Doc. 2, p. 25].Tandis qu’en didactique, la simulation est un outil déclencheur de l’activitélangagière, en ergonomie, la simulation apparait à la fois comme un modèle etcomme une technique d’analyse de l’activité [Béguin & Weill-Fassina, 1997 ;Samurcay & De Keyser, 1998 ; Samurcay & Rogalski, 1998 ; Leplat, 1997].La simulation comme modèle est ainsi définie par Leplat, qui reprend à soncompte la définition générale de l’encyclopédie Universalis :La simulation est l’expérimentation d’un modèle […] elleconsiste à réaliser une représentation artificielle duphénomène que l’on désire étudier, à observer lecomportement de cette reproduction lorsque l’on fait varierexpérimentalement les actions que l’on peut exercer surcelle-ci, à en induire ce qui se passerait dans la réalité sousl’influence d’actions analogues. [Leplat, 2000, p. 93]La simulation peut prendre plusieurs modalités : la simulation de la tâche quiconcerne les conditions externes de l’activité, la simulation de l’activité qui concerneles processus cognitifs, la simulation de la situation qui concerne le couple sujettâchedans une vision dynamique. C’est cette dernière modalité que nous avons miseen œuvre dans le projet ESCALE [Doc. 20-26, T2]. Nous avons simulé une situationde travail du monde réel : la fabrication de la page d’accueil d’un journal et nousavons fait varier les modalités d’organisation du travail (travail collectif/individuel ;travail sur l’ordinateur/travail sur l’imprimé), afin de repérer les changementscomportementaux induits par ces changements ainsi que les représentations desagents, élèves et enseignants.Avec Marie-Laure Barbier, Annie Piolat et Jean-Yves Rousseix, nous avonségalement utilisé un scénario de simulation, cette fois centré sur l’activité des élèves,47