L'analyse de l'activité dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

DEUXIEME PARTIE – RECHERCHES SUR LE TERRAIN DES TICE EN ERGONOMIECOGNITIVE DE LA LVEFrançoise RABY – HDR - Volume 1 - Synthèserésultat ou de l’exposé d’une procédure, mais les auteurs ne semblent pasvéritablement soucieux de théoriser cette question. Il faut se tourner vers lesspécialistes de l’acquisition de la langue seconde (SLA) [pour une vision globale, voirHulstijn, 2002a], ou les spécialistes de l’analyse automatisée des discours enéducation [Bronckart, 2004] pour trouver des références à l’ordinateur comme uneaide épistémique, et non seulement matérielle, au travail du chercheur en LVE. Endidactique des langues, en SLA comme en sciences de l’éducation, nous utilisonstous les jours l’outil informatique. Or, nous l’évoquons, la plupart du temps, commeun outil purement fonctionnel et parfaitement neutre, comme s’il s’agissait d’une« simple » extension cognitive de notre cerveau. J’ai utilisé l’expression de prothèsecognitive [comme Lemire, 2008] pour qualifier cette propriété qu’a l’ordinateurd’étendre nos capacités et de combler nos lacunes cognitives [voir Partie 2 et 3].Cette potentialité d’aide à la recherche m’est apparue dès mes premièresinvestigations au centre de langues de l’UPMF, où j’ai abordé l’outil informatiquedans un double mouvement. Tout d’abord, j’ai cherché à savoir si, et en quoi, ilpouvait constituer une aide à l’apprentissage dans le cadre d’une autonomie guidée,(c’est ce que je viens d’évoquer dans le précédent chapitre), mais j’ai aussi perçuqu’il pouvait constituer une aide précieuse à la recherche sur l’apprentissage enm’apportant les moyens d’une analyse systématique des discours des agents de laclasse. L’ordinateur illustre en effet, à mes yeux, le concept d’instrument tel quedéfini par Vygotski [1978], Simondon [1989], puis Rabardel [1995] ou Bruillard[1998]. Jacques Baillé et moi-même avons ainsi défini cette propriété :En distinction, on peut considérer l’instrument (il ne s’agitplus ici d’un effet de lexique) comme un outil qui incorporedu cognitif. Il est médium en ce qu’il affecte la perception etla représentation. Dans l’histoire de la technique, l’essor del’instrumentation au cours de la Renaissance — instrumentssémiotiques tels les tables, le dessin en perspective, aussibien que mécaniques — marquera l’avènement d’un tempsnouveau dont on peut saisir, encore de nos jours, les traitsessentiels à travers le développement des technologiesformelles et matérielles du traitement de l’information. Pourpermettent aux chercheurs anglicistes, quel que soit leur engagement disciplinaire (littérature,civilisation, linguistique), de se rencontrer pour confronter leurs démarches et analyses automatisées.149