L'analyse de l'activité dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

TROISIEME PARTIE : RECHERCHES SUR LA MOTIVATIONFrançoise RABY-HDR Volume 1 – Synthèsedeprendre en compte l’usager final dans la conception du logiciel, dans uneapproche centrée sur l’usager [voir le chapitre 12], mais de quel usager s’agit-il ?C’est là tout le problème. L’usager idéal de TMM est un consommateur qui attend leplus grand nombre de services possibles au meilleur prix. Pourvu qu’on lui donnebeaucoup de fonctionnalités et d’exercices et que l’apprentissage soit ludique (unautre maître mot des vendeurs de programmes éducatifs), il sera content. Or, lamotivation, au sens où nous l’entendons, c’est-à-dire qui suppose le maintien et lerenouvellement de l’action, ne fut finalement pas au rendez-vous. Peu à peu, certainsapprenants ont espacé leur travail avant d’abandonner le projet. Certes, les difficultésinstitutionnelles expliquent en partie le phénomène, mais l’observation desapprenants au travail ainsi que les réponses aux questionnaires suggéraient que dansl’ensemble, les apprenants étaient tout à fait satisfaits du logiciel. Commentexpliquer, dès lors, cette apparente contradiction entre un jugement positif sur lelogiciel et l’abandon du dispositif et du travail ?L’impact négatif du facteur cognitif sur la motivationLes imperfections ergonomiques du logiciel du point de vue de l’ergonomiecognitive ont été bien mises en évidence par les deux auteurs des recherches : unenavigation contrainte, une métaphore (le plateau de cinéma) pas toujours bienexploitée, des problèmes de navigation entre les exercices, un manque de flexibilité,des informations parfois trop abondantes et parfois manquantes, une reconnaissancevocale techniquement défectueuse, une simulation de dialogue qui s’apparente plusau drill qu’à une situation dialoguée, etc. J’ai développé tous ces problèmes dans laquatrième partie de cet ouvrage. Mais pour conclure sur la motivation, les résultatsont illustré le proverbe « le mieux est l’ennemi du bien », car un logiciel est motivants’il peut véritablement s’inscrire dans l’activité de l’agent, c’est-à-dire s’il ne suscitepas le syndrome du getting lost [Raby, 1994], s’il présente des tâches pertinentes, s’ilpermet à l’élève une réflexion sur son parcours, s’il respecte les règles d’affordance.Le nombre important de fonctionnalités et d’exercices se retournent contrel’apprenant s’il n’a pas un niveau linguistique suffisant. Une fois encore, nousretombons sur la question du nombre de domaines de tâches à manipuler et dedomaines de connaissances à apprendre : quand il faut apprendre TMM en même268