L'analyse de l'activitÃ© dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

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DEUXIEME PARTIE – RECHERCHES SUR LE TERRAIN DES TICE EN ERGONOMIECOGNITIVE DE LA LVEFrançoise RABY – HDR - Volume 1 - SynthèseMoins de gestes en séance Informatique qu’en séance Papier (45 et 65 en SI vs 83et 97 en SP).Plus de temps consacré aux interactions individualisées en séance Informatique(84 % et 90 % en SI vs 39 % et 66 % en SP).Interactions individualisées en moyenne plus longues en séance Informatique(temps moyen d’interaction avec un élève ou une dyade : 54s et 74s en SI vs 22s et26s en SP).Moins d’interventions de l’enseignante pour le collectif et avec une durée globaleplus courte en séance Informatique (5 fois vs 7 pour l’enseignante F ; 1 fois vs 4 foispour l’enseignante O) ; on notera que l’enseignante F intervient plus à l’adresse ducollectif que l’enseignante O, ce qui est à mettre en rapport avec le nombre d’élèvesprésents dans la salle.Pas de temps d’attente dans les séances Informatique, ce qui témoigne de leurintensité.En séance Informatique, la langue de travail est le français (alors qu’il s’agit d’uncours d’anglais) pour les deux enseignantes.La figure 9 présente successivement la séance Informatique et la séance Papierpour l’enseignante F. Rappelons que ces séances ont des durées équivalentes, entre43 et 45 minutes.La séance Informatique de l’enseignante F, avec ses 45 gestes, est très chargée encouleurs chaudes. Cela indique qu’elle consacre son temps essentiellement auxinteractions avec les élèves, certaines assez longues, puisqu’elles peuvent dépasser3 minutes. Sa mobilisation est très forte et d’ailleurs, dans l’entretien, elle diraqu’elle est sortie « super crevée », car « en salle informatique… tout est mobilisé…Ca me fatigue en fait, parce que je n’arrête pas. Je vais d’un binôme à l’autre. Ilssont… ils sont … neuf dyades, là, en salle info, donc je n’arrête pas ».Par contre, la séance Papier est dominée par les couleurs froides, témoignant denombreux temps « mous » : moments d’attente (bleu clair), nombreuses gestionsd’imprévus (vert) liés à l’irruption à la porte de la salle, d’élèves de l’autre groupequi travaillaient en autonomie, des apartés avec la personne qui filme et une longueprise de notes (gris foncé). Les gestes sont nombreux (83), presque le double qu’en144
DEUXIEME PARTIE – RECHERCHES SUR LE TERRAIN DES TICE EN ERGONOMIECOGNITIVE DE LA LVEFrançoise RABY – HDR - Volume 1 - Synthèseséance Informatique, mais la plupart de courte durée. On pourrait penser que plus lenombre de gestes est élevé, plus la séance est intense. Or, c’est l’inverse qui seproduit. Un plus grand nombre de gestes différents indique une parcellisation del’activité, et la domination des gestes de couleurs froides correspond à des phases derépit, de pause dans l’activité de l’enseignant. L’enseignante dira d’ailleurs : « Je nefais pas grand-chose. Honnêtement, je crois que je ne fais pas grand-chose. Mais ilsne m’appellent pas non plus parce que je suis là. […] Je m’oblige à circuler et à êtredebout ce qui fait que je me dis, s’ils ont besoin de moi, je suis là. Mais ils mesollicitent très peu. » Nous avons ainsi procédé à une comparaison systématique,inter et intra-individuelle [l’analyse complète figure dans le Doc. 28, pp. 226-233,T3]. Puis nous avons voulu savoir comment les enseignants ressentaient les deuxsituations, ce qu’ont permis les entretiens qui ont suivi.Dans le rapport final rédigé par mes soins et remis au ministère [Tome 3], j’aiconsidéré que l’ensemble des résultats issus des comparaisons entre les séancesPapier et Informatique et des entretiens s’inscrivait parfaitement dans le construit desituation dynamique élaboré par Hoc [1996] et Cellier [1997] que j’ai présenté auChapitre 9 de cette synthèse. Nous avions déjà utilisé ce construit en 1995 avecPhilippe Dessus pour rendre compte des difficultés rencontrées par des professeursnéophytes en classe de langue [Doc. 2, pp. 20-41], ce qui fournissait une base à mesréflexions. En comparant les deux types de séances, il m’est apparu que, si la classede langue en situation frontale classique constituait, pour des enseignants experts, unenvironnement dynamique, la classe de langue en situation tutorée informatiqueconstituait un environnement hautement dynamique :En effet, il convient de distinguer deux manières, pour lesacteurs, de percevoir des changements imprévus, deux souscatégories.Si le changement est imprévu mais quel’enseignant dispose d’un répertoire de procéduresconstruites dans l’action pour y faire face, on reste dans lecas d’un environnement dynamique. Si le changement estimprévu et son contrôle est quasi impossible, parce que leseuil critique est atteint, on passe à la notiond’environnement hautement dynamique. C’est plus souventle cas dans l’environnement numérique pour deux raisonsessentielles. D’une part, il y est souvent plus difficiled’accéder aux processus qu’en classe normale ; d’autrepart, l’enseignant est écartelé entre la prise en compte du145
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