L'analyse de l'activité dans l'enseignement et l'apprentissage d'une ...

PREMIÈRE PARTIE – UN PARCOURS, LA DEMARCHE, LE CADRE CONCEPTUELFrançoise RABY - HDR - Volume 1 - Synthèseactions qui se déroulent devant leurs yeux, les élèves en déduisent que la formebe+ing décrit « une action en train de se dérouler ». S’ensuit une double déformationqui illustre la théorie du reflet du point de vue du rapport qu’entretient l’interlangue àla langue cible : premièrement, la forme be+ing est associée à la propriété temps duprésent à l’exclusion d’autres temps et deuxièmement, cette forme du présent devientsurutilisée en classe et par les élèves par rapport à son usage par les locuteursnativophones [Cornillon, 2004].En ergonomie cognitive, on appelle désormais ces ensembles de tâches trèsconnexes, préexistants à l’activité du sujet, constitués socialement et historiquement,transmis au sujet par l’éducation et irréductibles les uns aux autres, des domaines detâches.Nous considérons un domaine de tâches comme un ensemblestructuré d’objets, des descripteurs de propriétés de cesobjets et des opérations sur ces objets. [Hoc, op. cit.,p. 24]Ainsi, la langue étrangère constitue-t-elle, du point de vue des agents de la classe,un domaine de tâches. Elle recouvre des objets langagiers, linguistiques et culturels.Pour décrire chaque objet, on a recours à des descripteurs : syntaxe, lexique, registrede langue, etc. Autrefois très centrée sur la composante linguistique et langagière dudomaine, la recherche en LVE a inscrit dans le domaine de tâches les savoirsculturels et surtout anthropologiques, puis communicationnels et enfin actionnels(Accardi, 2000). Le domaine de tâches pourrait être rapproché de la notion de champconceptuel développée par Vergnaud : « champ de connaissances suffisammenthomogène pour qu’on puisse l’analyser par un réseau connexe de concepts et derelations et suffisamment large pour qu’on ne laisse pas échapper des aspects quijoueraient un rôle important dans le processus d’acquisition. » [Vergnaud, 1980,p. 186]En langue étrangère, l’apprenant est toujours confronté à trois domaines de tâchesdistincts : la langue étrangère (savoirs et savoir-faire), la technique (au sens d’unensemble de procédés à mettre en œuvre pour réaliser des tâches et non au sensd’objets matériels) et la culture (car la dimension culturelle fait aujourd’hui partieintégrante de l’objet LVE). Plusieurs de mes recherches ont consisté à mettre en82