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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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2. « Quand l’univers se crée ainsi à l’homme par question et par réponse, une forme prend<br />

place, que nous appellerons mythe » (Jolles).<br />

3. « Nous entendons par mythe un système dynamique <strong>de</strong> symboles, d’archétypes et <strong>de</strong><br />

schèmes, système dynamique qui, sous l’impulsion d’un schème, tend à se constituer en<br />

récit » (Durand) 12 .<br />

4. « [Le mythe est une] parole originelle, sacrée <strong>de</strong> nature et condamnée à la fixité par un<br />

ordre profane. […] [Ses] images ont pour fonction d’exprimer une part <strong>de</strong> l’expérience vécue,<br />

assez fondamentale pour se répéter, pour se reproduire et ainsi résister à l’analyse<br />

intellectuelle qui voudrait en décomposer l’unité » (Détienne).<br />

5. « Le mythe n’est pas uniquement récit, mais aussi discours du désir et <strong>de</strong> l’affectivité. Il ne<br />

s’exprime pas à l’ai<strong>de</strong> d’idées ou <strong>de</strong> concepts et se développe en marge <strong>de</strong> la rationalité ; il se<br />

consacre à dire la vérité psychique […], à suggérer l’affleurement <strong>de</strong> l’irrationnel et <strong>de</strong><br />

l’inconscient, à traduire le contenu du désir et ses relations avec le sentiment »<br />

(Eigeldinger) 13 .<br />

Cette liste <strong>de</strong> citations permet à Siganos <strong>de</strong> dégager quatre sortes <strong>de</strong> mythes :<br />

1. le mythe « ethnoreligieux », « issu <strong>de</strong> la pensée primitive ou sauvage », qui, selon lui, est le<br />

seul à « mériter vraiment son nom » ;<br />

2. le mythe philosophique (du type <strong>de</strong>s mythes platoniciens) ;<br />

3. le mythe socio-historique, véhiculant une « idée qui gouverne massivement » la pensée<br />

d’une société donnée (par exemple, le mythe du Progrès) ;<br />

4. le mythe comme « engramme narratif », qui se trouve à « la confluence d’une double<br />

mémoire, collective (qui renvoie à <strong>de</strong>s archétypes) et personnelle », et se définit comme un<br />

12 Peut-être n’est-il pas inutile <strong>de</strong> préciser ici que cette définition, dans son contexte d’origine, suit celles <strong>de</strong>s<br />

trois termes que Durand y emploie : symbole, archétype et schème. Le schème est ce qui forme le « canevas<br />

fonctionnel <strong>de</strong> l’imagination », ce qui « fait la jonction […] entre les dominantes réflexe et les représentations »<br />

(par exemple la « verticalisation ascendante » est un schème). L’archétype est une spécification du schème au<br />

contact d’un « environnement naturel et social » ; il en est la « substantification » et se définit comme matrice <strong>de</strong><br />

l’idée, elle-même définie comme « l’engagement pragmatique <strong>de</strong> l’archétype imaginaire, dans un contexte<br />

historique et épistémologique donné » (pour l’exemple <strong>de</strong> la verticalisation ascendante, on aurait l’archétype du<br />

sommet, ou du ciel). Le symbole, enfin, marque un pas <strong>de</strong> plus dans le sens d’une singularisation et fonctionne<br />

comme « "illustration" concrète <strong>de</strong> l’archétype comme du schème » (le symbole ascensionnel passerait<br />

« d’échelle en flèche volante, en avion supersonique ou en champion <strong>de</strong> saut »). GILBERT DURAND, Les<br />

Structures anthropologiques <strong>de</strong> l'imaginaire. Introduction à l'archétypologie générale, <strong>Paris</strong>: Dunod, 1992<br />

[1969], pp. 61-4.<br />

13 Questions <strong>de</strong> mythocritique. Dictionnaire, p. 88. Les références <strong>de</strong>s auteurs cités sont les suivantes : Mircea<br />

Elia<strong>de</strong>, Aspects du mythe, <strong>Paris</strong> : Gallimard, 1963, p. 16; André Jolles, Formes simples, <strong>Paris</strong> : Seuil, 1972<br />

[1930], p. 81 ; Gilbert Durand, Structures anthropologiques <strong>de</strong> l’imaginaire, <strong>Paris</strong> : Bordas, 1979 [1960], p. 64 ;<br />

Marcel Détienne, « Mythe et écriture », dans Dictionnaire <strong>de</strong>s mythologies, éd. Yves Bonnefoy, vol. II, <strong>Paris</strong> :<br />

Flammarion, 1981, p. 141 et L’Invention <strong>de</strong> la mythologie, <strong>Paris</strong> : Gallimard, 1981, p. 221 ; Marc Eigeldinger,<br />

Lumières du mythe, <strong>Paris</strong> : P.U.F., 1983, p. 10.<br />

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