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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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iii. Après Wagner<br />

1. La déwagnérisation<br />

Mais les années 1910 sont surtout celles d’une nette « déwagnérisation ». Les textes littéraires<br />

inspirés du mythe <strong>de</strong> Parsifal connaissent un regain d’intérêt certain, mais un bon nombre<br />

d’entre eux remontent aux sources médiévales. C’est le cas, <strong>de</strong> manière très manifeste, en<br />

Allemagne, où Wolfram fait un retour en force. Quelques auteurs mêlent les influences <strong>de</strong><br />

Wagner et <strong>de</strong> Wolfram, comme Karl Volmöller (Parcival, 1900), Gerhart Hauptmann<br />

(Parsival, 1914) ou Hans von Wolzogen (Parzival <strong>de</strong>r Gralsucher, eine <strong>de</strong>utsche<br />

Hel<strong>de</strong>ngeschichte von Wolfram von Eschenbach, neu und frei erzählt, 1922). Plusieurs autres<br />

laissent Wagner <strong>de</strong> côté et renouent directement avec Wolfram : c’est déjà le cas, en 1888,<br />

d’Emil <strong>En</strong>gelmann (Das Lied vom Parzival und vom Gral) ; ce sera aussi celui <strong>de</strong> Will Vesper<br />

(Parzival. Ein Abenteurerroman, 1911), Albrecht Schaeffer (Parzival. Ein Versroman in drei<br />

Kreisen, 1922) ou encore Siegfried von <strong>de</strong>r Trenck (Flamme über die Welt, 1926).<br />

Les motivations <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres pour s’affranchir <strong>de</strong> l’influence wagnérienne sont<br />

diverses, et il n’y a pas lieu d’entrer ici dans le détail. Signalons seulement que l’important<br />

changement <strong>de</strong> paradigme qui s’est joué dans les arts et la culture <strong>de</strong> la première décennie du<br />

XXème siècle impliquait aussi <strong>de</strong> tourner la page d’une esthétique dont Wagner était un <strong>de</strong>s<br />

fers <strong>de</strong> lance. Si les avant-gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 1885 étaient wagnériennes, il va <strong>de</strong> soi que celles <strong>de</strong> 1913<br />

(année du Sacre du printemps <strong>de</strong> Stravinsky, d’Alcools d’Apollinaire, <strong>de</strong> l’« Imagination sans<br />

fils et les mots en liberté », manifeste futuriste <strong>de</strong> Marinetti) s’inscrivent dans une toute autre<br />

dynamique.<br />

Rappelons pourtant qu’au niveau musical, 1913 est aussi l’année d’un fameux concert <strong>de</strong> la<br />

secon<strong>de</strong> école <strong>de</strong> Vienne où le public en est venu aux mains. On y jouait entre autres la<br />

Kammersymphonie op. 9 <strong>de</strong> Schönberg (<strong>de</strong> 1906), qui s’inscrit dans une ligne que le<br />

compositeur lui-même décrit comme directement issue <strong>de</strong> Wagner. Schönberg perçoit en effet<br />

le chromatisme tristanien comme le premier pas décisif vers une rupture <strong>de</strong> la tonalité qui,<br />

après Tristan, <strong>de</strong>vient en quelque sorte inéluctable. Ce n’est donc évi<strong>de</strong>mment pas<br />

musicalement que Wagner se trouve relégué à l’arrière-gar<strong>de</strong>, mais plutôt par rapport aux<br />

enjeux esthétiques, voire philosophiques (idéalisme schopenhauerien, etc.) qui le rattachent au<br />

romantisme et au symbolisme, passés <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>. C’est aussi au niveau <strong>de</strong> son ancrage social<br />

que Wagner a cessé d’être à l’avant-gar<strong>de</strong> : s’il l’était à l’évi<strong>de</strong>nce dans les années 1860, la<br />

Revue wagnérienne, déjà, <strong>de</strong>vait lutter pour distinguer les « vrais » wagnériens <strong>de</strong> toute la<br />

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