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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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texte, en même temps, est une matière <strong>de</strong>nse dont il va falloir déjouer les ruses pour accé<strong>de</strong>r à<br />

ce qui en est la source. Le texte est donc un écrin, revêtant la conscience d’oripeaux plus ou<br />

moins sophistiqués, <strong>de</strong>stinés à produire ce supplément <strong>de</strong> plaisir dont parlait Freud, en même<br />

temps qu’un écran <strong>de</strong>rrière lequel se joue l’essentiel.<br />

Cette notion d’écran apparaît d’ailleurs dans la conception que Freud se fait <strong>de</strong>s mythes<br />

lorsqu’il les définit comme « les souvenirs-écrans <strong>de</strong>s peuples » 126 . On peut noter que cette<br />

définition freudienne met en avant <strong>de</strong>s caractéristiques du mythe qui posent ce type <strong>de</strong><br />

discours comme une radicalisation <strong>de</strong> ce que les thématiciens cherchent, avec d’autres outils<br />

bien sûr, dans les textes littéraires : quelque chose qui masque et révèle tout à la fois la<br />

conscience profon<strong>de</strong> d’un sujet. Ne serait-ce pas là une raison supplémentaire <strong>de</strong> supposer que<br />

le mythe pourrait favorablement occuper la place centrale qui est celle du « thème » ? Cette<br />

<strong>de</strong>nsité et cette forte capacité <strong>de</strong> symbolisation qui caractérisent le mythe n’en font-elles pas<br />

un objet susceptible d’agir comme une force invisible sous-tendant un récit ? Sans aller<br />

jusqu’à considérer le mythe comme « "modèle" matriciel <strong>de</strong> tout récit » 127 , on peut néanmoins<br />

rappeler son caractère « exemplaire » (Elia<strong>de</strong>) et sa capacité à faire « saisir d’un coup d’œil<br />

certains types <strong>de</strong> relations constantes » 128 . A ce titre, on peut à bon droit le supposer<br />

particulièrement propre à fonctionner comme ce « principe concret d’organisation » que<br />

Richard définit comme « thème ».<br />

J’aurai l’occasion d’éprouver, au fil <strong>de</strong>s pages qui suivent, cette idée que le mythe peut<br />

fonctionner comme une sorte <strong>de</strong> thème ; mais pour l’heure, je voudrais surtout insister sur<br />

l’intérêt que présente une telle hypothèse. Le principal atout <strong>de</strong> la critique thématique rési<strong>de</strong>, à<br />

mon sens, dans une remarquable ouverture vis-à-vis <strong>de</strong> son objet, dans une très gran<strong>de</strong><br />

disponibilité aux sollicitations du texte, quelles qu’elles soient. Aucun outil ne saurait être<br />

préparé d’avance, chaque texte indiquant au critique disponible la voie par laquelle il convient<br />

<strong>de</strong> l’approcher.<br />

Dans la suite <strong>de</strong> ces pages, les sollicitations <strong>de</strong>s textes abordés me porteront à alterner<br />

quelques aperçus d’inspiration anthropologique (par exemple pp. 122 sqq.), <strong>de</strong>s réflexions <strong>de</strong><br />

nature philologique (pp. 140 sqq. ou 374 sqq.), d’autres inspirées par une approche génétique<br />

(pp. 558 sqq.) ; les instruments forgés par le structuralismes me seront également utiles ici ou<br />

là (pp. 319 sqq. ou 437sqq.) <strong>de</strong> même que, <strong>de</strong> façon peut-être plus appuyée, ceux que nous<br />

126 Dans La Psychopathologie <strong>de</strong> la vie quotidienne (1907), cité dans DIDIER ANZIEU, "Freud et la mythologie",<br />

<strong>Paris</strong>: Nouvelle Revue <strong>de</strong> Psychanalyse, no 1 (1970), p. 127.<br />

127 DURAND, "Pas à pas mythocritique", p. 230.<br />

128 DENIS DE ROUGEMONT, L'Amour et l'Occi<strong>de</strong>nt, <strong>Paris</strong>: Plon, "10/18", 1972, p. 19.<br />

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