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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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Au chapitre <strong>de</strong>s gestes œdipiens associés à <strong>Perceval</strong>, il faut encore mentionner la pièce <strong>de</strong><br />

Trevelyan à laquelle j’ai déjà fait allusion : The Birth of Parsifal (1905). Le personnage<br />

central <strong>de</strong> cette pièce est Frimutel, figure <strong>de</strong> révolte contre l’« ignoble superstition » qui fait<br />

du graal un objet d’obscurité et non <strong>de</strong> lumière. Il aime Herzeloida et ils donnent naissance à<br />

un fils. Mais Kundry lui apprend que le péché <strong>de</strong> cet amour interdit sera sanctionné et que, par<br />

la malédiction du graal, il sera tué par son propre fils, s’il ne le tue lui-même. On voit bien se<br />

<strong>de</strong>ssiner ici un parallèle entre l’enfant qui vient <strong>de</strong> naître et le petit Œdipe – mais Frimutel, au<br />

contraire <strong>de</strong> Laïos, choisit <strong>de</strong> s’enfuir plutôt que <strong>de</strong> tuer son fils et il mène une vie sauvage.<br />

Herzeloida, chassée par son père à cause <strong>de</strong> sa faute, part à la recherche <strong>de</strong> Frimutel avec le<br />

petit Parsifal, et elle parvient finalement à le retrouver. Mais ce <strong>de</strong>rnier refuse <strong>de</strong> sacrifier son<br />

fils ; il accepte au contraire d’être tué par ce fils, parce qu’il pressent que celui-ci accomplira<br />

une libération dont lui-même n’aura été que le précurseur :<br />

So thou art worthy, slay me, or in disdain<br />

To be the thrall of unjust fate, forbear.<br />

But thee how should I slay?<br />

Thou art not of the Grail: no part in thee<br />

Shall it usurp, nor in thy glory share.<br />

Truth shalt thou serve, not falsehood; for mankind,<br />

Not for that Heaven which man's own sick fears<br />

And self-contempt have dreamed, shalt thou endure<br />

And dare, aye, greater things than I have done. 653<br />

Warlikowski à l’Opéra <strong>de</strong> <strong>Paris</strong> (mars 2008). Parsifal y est en quelque sorte dédoublé par un enfant. L’ensemble<br />

<strong>de</strong> ce qui se joue sur scène pourrait bien être une expression <strong>de</strong> l’imaginaire <strong>de</strong> cet enfant, dont il semble que le<br />

premier drame soit d’ordre familial. Aussi bien, le graal que Parsifal brandit fièrement dans la scène finale est-il<br />

un simple verre, sorti d’un panier à pic-nique ; à ce moment, Amfortas et Kundry s’embrassent avec tendresse, et<br />

le ri<strong>de</strong>au tombe sur une table autour <strong>de</strong> laquelle Amfortas, Kundry, Parsifal et l’enfant partagent un repas simple,<br />

comme si tous les drames et toutes les fractures étaient réparées – rêve d’un enfant pour qui la traversée <strong>de</strong> la<br />

terre gaste s’achève au moment où Parsifal a su échapper à l’attraction maternelle <strong>de</strong> Kundry et guérir Amfortas<br />

en le tuant symboliquement.<br />

653 La pièce n’a pas été éditée dans le volume théâtral <strong>de</strong>s Collected Works où figurait The New Parsifal. J’ai<br />

téléchargé le texte dans une version informatique à l’adresse suivante :<br />

http://www.library.rochester.edu/CAMELOT/trevpars.htm.<br />

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