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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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passion charnelle, tandis que celui <strong>de</strong> l’autre est une forme désindividualisée <strong>de</strong> compassion<br />

pour toute créature. Ce sont <strong>de</strong>ux éthiques, et aussi <strong>de</strong>ux esthétiques qui en découlent, qui<br />

plongent leurs racines respectivement au cœur <strong>de</strong> la pulsion sensuelle et <strong>de</strong> l’aspiration<br />

spirituelle.<br />

Plusieurs auteurs post-wagnériens, pour éviter <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir soit répéter ce qui a été mieux dit,<br />

soit quitter la place, soit encore se taire, trouvent donc comme para<strong>de</strong> le mélange. <strong>En</strong><br />

combinant quelques éléments empruntés aux diverses œuvres <strong>de</strong> Wagner, il est peut-être<br />

possible <strong>de</strong> raconter quelque chose d’autre sans perdre pour autant la force <strong>de</strong>s grands<br />

symboles que Wagner a hissés sur une scène dont il n’est pas aisé <strong>de</strong> les chasser.<br />

• A l’opéra : Chausson et d’Indy<br />

Du côté <strong>de</strong> la scène lyrique, on peut signaler que Le Roi Arthus <strong>de</strong> Chausson se présente<br />

comme une synthèse d’éléments empruntés à Tristan et à Parsifal. Cécile Leblanc insiste sur<br />

le fait que<br />

contrairement à ce que tous les critiques <strong>de</strong> l’époque et même plus récemment ont<br />

dénoncé, l’hypotexte d’Arthus n’est […] pas du tout, ou très faiblement Tristan, mais<br />

plutôt Parsifal. 418<br />

Il est pourtant indubitable que l’influence tristanienne est nettement audible dans les duos <strong>de</strong><br />

Lancelot et Genièvre, mais la place même qu’occupe ce couple prend, au fil du drame, une<br />

importance <strong>de</strong> plus en plus accessoire : au lieu <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s amants un doublet <strong>de</strong> Tristan et<br />

Isol<strong>de</strong>, ce que la matière narrative aurait permis sans difficulté, Chausson préfère centrer son<br />

intérêt sur la <strong>quête</strong> d’Arthus, qui est une <strong>quête</strong> <strong>de</strong> l’idéal. C’est d’ailleurs sur ce mot que<br />

s’achève l’opéra, et Cécile Leblanc insiste sur le rapprochement que la notion <strong>de</strong> « ré<strong>de</strong>mption<br />

par l’art » établit entre Le Roi Arthus et Parsifal.<br />

S’écartant manifestement <strong>de</strong> la tradition médiévale, Chausson écrit une scène où Lancelot<br />

repousse Genièvre, après avoir découvert dans son baiser la révélation <strong>de</strong> sa vraie mission, qui<br />

est <strong>de</strong> rejoindre les chevaliers du graal. Il est évi<strong>de</strong>mment impossible <strong>de</strong> ne pas y voir une<br />

allusion au <strong>de</strong>uxième acte <strong>de</strong> Parsifal.<br />

<strong>En</strong> outre, Cécile Leblanc s’appuie sur une étu<strong>de</strong> génétique <strong>de</strong>s manuscrits pour montrer<br />

comment l’évolution du travail <strong>de</strong> Chausson l’a porté à aller vers un drame <strong>de</strong> plus en plus<br />

418 LEBLANC, Wagnérisme et création littéraire en France (1883-1889), p. 472.<br />

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