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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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Mais revenons-en à ce sta<strong>de</strong> antérieur, où non seulement le quatuor <strong>de</strong> Vinteuil ne s’était pas<br />

élargi en septuor pour migrer dans les pages <strong>de</strong> La Prisonnière, mais où ce quatuor n’avait<br />

même pas encore remplacé Parsifal dans la scène <strong>de</strong> la bibliothèque.<br />

Deux autres éléments viennent renforcer le lien intime qui existait, à ce sta<strong>de</strong>, entre les<br />

réflexions que mène le narrateur dans la bibliothèque <strong>de</strong>s Guermantes et la musique du<br />

<strong>de</strong>uxième acte <strong>de</strong> Parsifal qui se déroule en même temps dans le salon voisin.<br />

Le premier est plutôt anecdotique, mais vaut tout <strong>de</strong> même la peine d’être signalé : lorsqu’il<br />

tente <strong>de</strong> son<strong>de</strong>r la façon dont nous traitons mentalement les sensations <strong>de</strong> joie que nous<br />

apporte parfois la vie, le narrateur évoque un épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa jeunesse qu’il avait laissé fuir sans<br />

en fixer l’impression, sans tenter <strong>de</strong> se « rendre maître <strong>de</strong> ce que cette joie avait <strong>de</strong> si nouveau<br />

et <strong>de</strong> si doux » :<br />

Quand Maria m’avait pour la première fois appelé par mon prénom, semblant ainsi<br />

me dévêtir <strong>de</strong> toutes mes écorces et coques sociales, et prendre ainsi mon être, avec<br />

délicatesse, entre ses lèvres […] 894<br />

Si l’on songe, à nouveau, que c’est le <strong>de</strong>uxième acte <strong>de</strong> Parsifal qui est joué dans le salon, on<br />

pourra relever le lien entre cette évocation et ce que vit Parsifal au moment où Kundry,<br />

dispersant les filles-fleurs, retient le jeune héros en l’appelant par ce nom qu’il avait oublié,<br />

par ce nom qui, instantanément, le plonge dans une sorte <strong>de</strong> réminiscence émue :<br />

« Parsifal ?... So nannte träumend mich einst die Mutter ». Parsifal non plus, à ce sta<strong>de</strong>, ne<br />

parvient pas à se « rendre maître <strong>de</strong> ce que cette joie avait <strong>de</strong> si nouveau et <strong>de</strong> si doux ».<br />

• L’illumination « à la Parsifal »<br />

Le second élément qui renforce les liens entre le salon et la bibliothèque est tiré <strong>de</strong>s notes <strong>de</strong><br />

Proust relatives à ce passage, dans lesquelles le rapprochement en question est exprimé avec<br />

force :<br />

Capital : De même que je présenterai comme une illumination à la Parsifal la<br />

découverte du Temps retrouvé dans les sensations cuiller, thé etc, <strong>de</strong> même ce sera<br />

une 2 e illumination dominant la composition <strong>de</strong> ce chapitre, subordonnée pourtant à<br />

la première […] qui me fera soudain apercevoir que ttes (sic) les épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ma vie<br />

ont été une leçon d’idéalisme […] 895<br />

894 Ibid., p. 162. Une note précise que Maria est « une jeune fille en fleurs <strong>de</strong> la première version <strong>de</strong> la<br />

Recherche ».<br />

895 Ibid., pp. 318-9.<br />

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