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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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<strong>Perceval</strong> ne retiennent cette figure, ce qui rend caduque, <strong>de</strong> fait, la question <strong>de</strong> savoir, à<br />

propos du graal, « qui l’on en sert ».<br />

Dans la Première Continuation, le motif <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>meure, mais il se trouve en quelque<br />

sorte dédoublé fonctionnellement par l’autre épreuve qualifiante, qui consiste à rassembler les<br />

<strong>de</strong>ux parties d’une épée brisée. On se souvient que Gauvain ne parvient pas à ressou<strong>de</strong>r<br />

l’épée, mais qu’il a tout <strong>de</strong> même le droit d’interroger le roi, à qui il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> alors <strong>de</strong>s<br />

informations concernant la lance qui saigne, l’épée et la bière. Les questions ne portent donc<br />

pas sur le graal. Concernant la lance, la question que pose Gauvain consiste ici à savoir d’où<br />

vient le sang qui s’en écoule. A propos <strong>de</strong> l’épée et <strong>de</strong> la bière, les manuscrits divergent<br />

légèrement : dans le Ms L, Gauvain <strong>de</strong>man<strong>de</strong> simplement que le roi lui révèle la vérité à<br />

propos <strong>de</strong> ces objets, mais dans les Mss A, S et P, il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> précisément :<br />

Et <strong>de</strong> l’espee et <strong>de</strong> la biere<br />

Me dites tote la meniere,<br />

Qui est li cors qui <strong>de</strong>dans gist,<br />

Et se vos savez qui l’ocist (vv. 7395-8) 565<br />

On trouve ici un mélange <strong>de</strong> traditions visiblement hétérogènes : le graal est bien présent,<br />

sous une forme très différente <strong>de</strong> celle qu’il avait chez Chrétien ; mais ce qui occupe le cœur<br />

du cortège, ce n’est plus le graal, mais un cercueil, et l’un <strong>de</strong>s enjeux du questionnement est<br />

d’apprendre ce qui est arrivé au héros qui y repose. On trouve là un motif qui va clairement<br />

dans le sens <strong>de</strong> l’hypothèse formulée par Loomis et Lozachmeur (qu’ils partagent avec<br />

plusieurs autres, d’ailleurs), et la réminiscence d’une version antérieure <strong>de</strong> l’histoire où les<br />

questions engageraient le héros du graal dans une entreprise vengeresse constitue une<br />

explication plausible <strong>de</strong> la forme que prend la cérémonie du graal dans cette Première<br />

Continuation.<br />

Relevons pourtant que, dans d’autres familles <strong>de</strong> manuscrits (regroupés sous les étiquettes <strong>de</strong><br />

« rédaction longue » ou « rédaction mixte » - ceux que j’ai mentionnés précé<strong>de</strong>mment<br />

appartenant à la « rédaction brève »), une autre scène du graal a été ajoutée dans la première<br />

branche du texte, c’est-à-dire bien avant celle que nous venons <strong>de</strong> voir, qui figure (dans ces<br />

manuscrits aussi) à la branche V. Cet ajout vise manifestement à ménager une transition entre<br />

la version <strong>de</strong> Chrétien et celle que nous venons d’évoquer : elle présente une scène tout à fait<br />

analogue à celle <strong>de</strong> Chrétien (lance qui saigne, portée par un valet, tailloir, « saint Graal a<br />

565 The First Continuation; vol. III.1, Ms. L, vv. 7421-8 (p. 476), ou Mss. A S P vv. 7391-8 (p. 477).<br />

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