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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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Il n’en reste pas moins que Fervaal conjugue en lui à peu près autant d’aspects tristaniens que<br />

parsifaliens et qu’il se révèle, à ce titre, une étonnante synthèse.<br />

• Le dilemme du mari<br />

Si la synthèse est une voie possible pour conjuguer divers éléments issus <strong>de</strong>s modèles<br />

wagnériens, certains autres textes choisiront plutôt <strong>de</strong> maintenir l’opposition <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux figures<br />

pour les jouer l’une contre l’autre. C’est le cas, <strong>de</strong> façon particulièrement significative, <strong>de</strong> La<br />

Victoire du mari, <strong>de</strong> Joséphin Péladan. Dans ce roman, il est question d’un couple fraîchement<br />

marié, Izel et Adar. Ils se trouvent à Bayreuth, pendant le festival, et assistent avec délices à<br />

Tristan, s’embrassant dans l’obscurité du <strong>de</strong>uxième acte et s’enfuyant dès la fin du spectacle,<br />

sans manger, pour prolonger dans leur chambre les délices amoureuses dans lesquelles les a<br />

plongés le spectacle. Le len<strong>de</strong>main, on donne Parsifal, mais Izel ne veut pas y aller et dit à<br />

Adar :<br />

Gardons le vertige <strong>de</strong> Tristan. Parsifal est chaste, doux et calme, Parsifal résiste à<br />

Koundry, c’est le chevalier saint, le mage impavi<strong>de</strong>. Cette œuvre est mon ennemie, elle<br />

t’éloignerait <strong>de</strong> moi. 424<br />

Et <strong>de</strong> fait, Tristan les rapproche à tel point qu’ils consacrent toute leur énergie à <strong>de</strong>s étreintes<br />

sans fin. Mais Adar n’est pas totalement serein : il souhaite tout <strong>de</strong> même voir Parsifal et<br />

s’enfuit pendant qu’Izel dort.<br />

A peine les cloches <strong>de</strong> Mont-Salvat eurent-elles tinté dans l’orchestre, qu’il respira<br />

bruyamment comme la bouffée d’air frais et pur, au sortir d’une sphère asphyxiante<br />

[…]. Ses lèvres tuméfiées <strong>de</strong> baisers se rafraîchirent au réveil <strong>de</strong> son enten<strong>de</strong>ment.<br />

Son esprit réagit violemment contre l’état morbi<strong>de</strong> où la passionnalité l’avait conduit.<br />

(p. 112)<br />

Parsifal nous est ensuite décrit scène par scène, avec les émotions que le drame suscite chez<br />

Adar. Ainsi, après que Parsifal a vaincu les filles-fleurs : « dans l’âme d’Adar, un écroulement<br />

s’était fait ; les femmes-fleurs et Koundry unies, c’était Izel. » (p. 117). <strong>En</strong> maudissant<br />

Crépuscule <strong>de</strong>s dieux lui-même ne confond-il pas dans son rougeoiement les flammes crépusculaires du<br />

Walhalla en feu, et les teintes aurorales d’un mon<strong>de</strong> nouveau à venir – ce que suggère, à l’oreille, le thème qu’on<br />

a appelé, justement, « ré<strong>de</strong>mption du mon<strong>de</strong> par l’amour » et qui n’avait, jusqu’alors, été entendu qu’une seule<br />

fois : au moment où Brünnhil<strong>de</strong> apprend à Sieglin<strong>de</strong> qu’elle est enceinte <strong>de</strong> Siegfried ?<br />

424 JOSEPHIN PELADAN, La Victoire du mari, vol. VI <strong>de</strong> La Déca<strong>de</strong>nce latine, éthopée, Genève: Slatkine<br />

Reprints, 1979, p. 91.<br />

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