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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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Sanctifier le génie, génifier la sainteté, voilà le vœu, et la chevalerie du Graal sera<br />

comme un intermon<strong>de</strong>, attendri encore <strong>de</strong>s parfums souffrants <strong>de</strong> la terre et déjà<br />

baigné <strong>de</strong>s encens paisibles et rayonnants du ciel. (p. 293)<br />

C’est donc manifestement au sortir <strong>de</strong> Parsifal que Péladan commence à esquisser les plans<br />

<strong>de</strong> cette religion nouvelle. Si l’on en croit Christophe Beaufils,<br />

il sentit […] dès sa découverte <strong>de</strong> Parsifal qu’une mission, à lui aussi, était confiée.<br />

[…] A Bayreuth, le fils <strong>de</strong> la rue Sainte-Hélène reçut un « ordre impérieux » qui<br />

faisait <strong>de</strong> lui un second Constantin, celui <strong>de</strong> la religion nouvelle. 427<br />

Il semble que « <strong>de</strong> retour à <strong>Paris</strong> à la fin <strong>de</strong> l’été, il parlait <strong>de</strong> son émotion <strong>de</strong>vant l’Extase du<br />

Vendredi saint comme d’un paroxysme qui le révélait à lui-même » 428 . On retrouve donc bien<br />

la notion d’une révélation reçue à travers Parsifal, et le « à lui aussi » <strong>de</strong> la citation <strong>de</strong><br />

Beaufils peut comparer le Sâr aussi bien à Constantin qu’à Parsifal lui-même, modèle idéal <strong>de</strong><br />

celui par lequel advient une religion nouvelle.<br />

• Barrès : le culte du Moi<br />

Dans une veine moins ésotérique, d’autres textes mettent également en scène une association<br />

étroite entre une représentation <strong>de</strong> Parsifal et une révélation personnelle. C’est le cas, par<br />

exemple, d’un bref essai écrit en août 1892, au retour <strong>de</strong> Bayreuth, par Maurice Barrès : « le<br />

Regard sur la prairie ». Barrès y raconte son émotion au spectacle <strong>de</strong> Parsifal. Parmi tous les<br />

moments émouvants dont l’opéra est rempli, il en retient un en particulier, où ses limites <strong>de</strong><br />

résistance ont cédé :<br />

Gundry, remontant au fond <strong>de</strong> la scène, s’accouda sur la barrière et, sans parler,<br />

contempla la prairie. Immortelle minute, bénéfice qui ne saurait se perdre, point<br />

suprême où se dissipe tout notre émoi voluptueux pour que nous soyons exténués <strong>de</strong><br />

sublime ! 429<br />

<strong>En</strong> cette minute, nous dit-il, Gundry est semblable à Socrate dans sa prison ou au Christ dans<br />

le Jardin <strong>de</strong>s Oliviers, qui déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> se sacrifier aux lois <strong>de</strong> la cité ou à la volonté divine.<br />

Mais toi, qu’as-tu distingué sur la prairie, regard <strong>de</strong> Gundry ? – Des fleurs sauvages,<br />

répond-elle, <strong>de</strong>s simples et qui suivent la nature.<br />

427<br />

CHRISTOPHE BEAUFILS, Joséphin Péladan (1858-1918). Essai sur une maladie du lyrisme, Grenoble: Jérôme<br />

Millon, 1993, p. 144.<br />

428<br />

Ibid., p. 145.<br />

429<br />

MAURICE BARRES, "Le Regard sur la prairie", dans Du sang, <strong>de</strong> la volupté et <strong>de</strong> la mort, <strong>Paris</strong>: 10/18, 1986, p.<br />

213.<br />

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