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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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qui est plutôt celle <strong>de</strong>s cycles <strong>de</strong> prose <strong>de</strong> la génération suivante ou <strong>de</strong> la Morte Darthur <strong>de</strong><br />

Malory.<br />

Mais si l’on excepte cette revalorisation du <strong>Perceval</strong> « ancien » dans une structure où il était<br />

normalement supplanté par Galaad, la figure <strong>de</strong> <strong>Perceval</strong> ne fait pas ici l’objet d’une relecture<br />

profon<strong>de</strong>. Elle reste globalement très proche <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Chrétien et <strong>de</strong> Wauchier. Il n’y a<br />

donc pas lieu d’entrer ici dans les détails <strong>de</strong> la lecture qui en est faite, mais je voudrais<br />

toutefois signaler la mise en exergue <strong>de</strong> certains traits.<br />

Le premier, que j’ai déjà mentionné par rapport à la liste <strong>de</strong>s personnages, est la question du<br />

lignage. Nous avons vu que, dans la liste <strong>de</strong>s personnages, <strong>Perceval</strong> est indiqué comme « fils<br />

<strong>de</strong> ? ». On retrouve ce jeu discret dans la première scène <strong>de</strong> <strong>Perceval</strong> le Gallois : lorsque<br />

Merlin dresse la liste <strong>de</strong> tous les chevaliers qui siégeront autour <strong>de</strong> la Table ron<strong>de</strong>, il<br />

s’interrompt soudain au moment précis où il évoque « <strong>Perceval</strong> fils <strong>de</strong>… mais silence.<br />

Asseyez-vous » 518 .<br />

On peut aussi relever un procédé intéressant par lequel un point d’analyse « structurale » se<br />

trouve matérialisé sur scène : une note indique que la scène <strong>de</strong> la <strong>de</strong>moiselle à la tente « est<br />

conçue en écho à la scène Gauvain-Flore <strong>de</strong> Lis et <strong>de</strong>vrait être jouée simultanément » 519 . De<br />

même, un peu plus loin, la nuit <strong>de</strong> <strong>Perceval</strong> avec Blanchefleur « peut se jouer en même temps<br />

que la scène <strong>de</strong> la fille du roi Brangoire à cause du parallèle <strong>Perceval</strong>-Bohort » 520 . Cette idée<br />

<strong>de</strong> dédoubler certaines scènes pour accentuer <strong>de</strong>s rapprochements est très suggestive : sans<br />

doute la mise en parallèle <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux scènes <strong>de</strong> « <strong>de</strong>moiselles sous une tente » illustre-t-elle<br />

avec éloquence cette « symétrie inverse » entre les itinéraires <strong>de</strong> <strong>Perceval</strong> et <strong>de</strong> Gauvain si<br />

bien dépistée par Antoinette Saly dans le Conte du graal 521 . <strong>En</strong> outre, le « parallèle <strong>Perceval</strong>-<br />

Bohort » est un point sur lequel Delay et Roubaud reviennent à plusieurs reprises, insistant sur<br />

le fait que, dans le triangle <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers <strong>quête</strong>urs du graal, l’un est chaste et vierge (Galaad),<br />

un autre est vierge mais pas chaste (<strong>Perceval</strong>) et le troisième chaste mais pas vierge<br />

(Bohort) 522 . Le parallèle entre les <strong>de</strong>ux chevaliers se trouve d’ailleurs illustré d’une autre<br />

518<br />

Ibid., p. 202. Nous aurons l’occasion <strong>de</strong> revenir plus loin sur les problématiques familiales, et <strong>de</strong> son<strong>de</strong>r les<br />

profon<strong>de</strong>urs qui s’ouvrent sous ce « fils <strong>de</strong> ? ».<br />

519<br />

Ibid., p. 213. Cette note a été supprimée <strong>de</strong> l’édition <strong>de</strong> 2005, <strong>de</strong> même que la scène Gauvain-Flore <strong>de</strong> Lis, qui<br />

n’apparaissait ici que pour le parallèle, mais qui a déjà été vue/lue dans Gauvain et le chevalier vert.<br />

520<br />

Ibid., p. 228. Même remarque qu’à la note précé<strong>de</strong>nte, si ce n’est que la scène <strong>de</strong> Bohort en question est dans<br />

l’<strong>En</strong>lèvement <strong>de</strong> Guenièvre, qui, au contraire <strong>de</strong> Gauvain et le Chevalier vert, est postérieure dans le cycle.<br />

521<br />

Cf. ANTOINETTE SALY, "La Récurrence <strong>de</strong>s motifs en symétrie inverse et la structure du <strong>Perceval</strong>", dans<br />

Polyphonie du graal, éd. Denis Hüe, Orléans: Paradigme, "Medievalia", 1998.<br />

522<br />

On retrouve cette réflexion dans un épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> Galaad ou la Quête, où <strong>Perceval</strong> peut trancher une cor<strong>de</strong> parce<br />

qu’il est puceau, Bohort une secon<strong>de</strong> parce qu’il est chaste, et Galaad la troisième, parce qu’il est « vierge » (le<br />

lexique a un peu changé, mais l’idée reste la même – ROUBAUD et DELAY, Graal Théâtre, p. 529).<br />

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