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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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On retrouve ici une problématique déjà esquissée dans Le Roi Pêcheur : l’égoïsme <strong>de</strong> la<br />

<strong>quête</strong>. Les paroles <strong>de</strong> Marino rejoignent celles par lesquelles Trévrizent blâmait <strong>Perceval</strong> <strong>de</strong><br />

se sentir appelé à conquérir le graal. Il y a <strong>de</strong> l’orgueil à se croire, en tant qu’individu, <strong>de</strong>stiné<br />

à changer le sort du mon<strong>de</strong>. <strong>En</strong> outre, la question <strong>de</strong> l’égoïsme renvoie au dilemme<br />

d’Amfortas : pour qui est-il bon que le graal brille à nouveau ? Kundry estime que « même si<br />

c’est pour quelques-uns seulement – même si c’est pour un seul », il faut que cela advienne –<br />

mais dans ce cas, ne serait-ce pas un acte profondément égoïste ?<br />

Marino, comme Trévrizent, dénonce les méfaits <strong>de</strong> l’imagination. Si le premier décrète<br />

qu’elle « est <strong>de</strong> trop dans les Syrtes », l’ermite du Roi Pêcheur disait à <strong>Perceval</strong> : « Tu as<br />

rebâti le château du Graal à ta convenance. Tu es un guerrier, <strong>Perceval</strong>. N’as-tu pas appris<br />

qu’à la guerre, l’imagination est toujours punie ? » (p. 67).<br />

Dans Le Rivage <strong>de</strong>s Syrtes, Fabrizio, un jeune homme qui fait partie du contingent <strong>de</strong>s Syrtes,<br />

reproche aussi à Aldo son imagination. A propos du Farghestan, il lui dit :<br />

Moi, j’y pense comme à une terre en face, comme les autres, une terre comme toutes<br />

les autres. Toi, tu en fais un vice. Tu y penses pour toi. Tu en as besoin. Tu<br />

l’inventerais à l’occasion. Tu inventes Croquemitaine pour te faire peur. (p. 606)<br />

Dans la première discussion entre Aldo et Marino, ce <strong>de</strong>rnier, après avoir tenté d’apaiser<br />

l’ar<strong>de</strong>ur qu’il sent en Aldo, lui conseille <strong>de</strong> partir :<br />

« Il y a ici un équilibre que je maintiens. C’est une chose difficile, et cela exige qu’on<br />

retire ce qui d’un côté pèse trop lourd.<br />

- Et qu’est-ce qui pèse trop lourd ?<br />

- Toi. » (p. 592)<br />

Marino illustre sa pensée par une analogie physique très éclairante : « Il y a un comble<br />

d’inertie qui tient <strong>de</strong>puis trois siècles cette ruine immobile, la même qui fait crouler ailleurs<br />

les avalanches » (pp. 592-3).<br />

Puis il reproche à Aldo « <strong>de</strong> ne pas être assez humble pour refuser les rêves au sommeil <strong>de</strong> ces<br />

pierres » (p. 593). Comme l’imagination, le rêve est dangereux.<br />

• Aldo, Marino, Vanessa<br />

Il ne fait pas <strong>de</strong> doute que l’opposition d’Aldo et Marino est une première évi<strong>de</strong>nce qui<br />

s’impose à la lecture, et que cette polarité oriente l’ensemble <strong>de</strong>s forces qui constituent le<br />

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