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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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compris » (p. 270). Comprendre Parsifal, c’est sortir <strong>de</strong> la représentation transformé ; tous les<br />

autres ne font qu’entendre, au mieux admirer, mais ils ne comprennent pas plus que ne le fait<br />

Parsifal lors <strong>de</strong> la première cérémonie du graal – quand bien même eût-il admiré la beauté <strong>de</strong><br />

cette lumière rouge qui émane du calice.<br />

• Louÿs : le triomphe <strong>de</strong> l’art<br />

A nouveau, Bayreuth est le cadre privilégié <strong>de</strong> cette révélation – Bayreuth qui a cet étonnant<br />

privilège d’être <strong>de</strong>venu, dix ans après la création du festival, un lieu clef <strong>de</strong> la littérature<br />

symboliste.<br />

Pour faire pendant à Valbert, je voudrais signaler un projet qu’esquisse Pierre Louÿs dans une<br />

lettre à Paul Valéry (qui ne sera pas envoyée). La lettre est datée du 2 février 1893 : Valbert<br />

<strong>de</strong>vait être sous presse. Le sujet du récit projeté par Louÿs sera<br />

qu’une passion violente (première partie), transposée en littérature, reste transposée,<br />

et par conséquent morte (inconsciemment) : <strong>de</strong>uxième partie. Et que, après une<br />

illusion <strong>de</strong> retour <strong>de</strong> passion en revoyant l’Objet, une forte impression d’art suffit à le<br />

vaincre. J’espère que tu comprends très bien ; si tu ne comprends pas, nous en<br />

causerons. 431<br />

Mais le plus intéressant, pour nous, est la précision qui suit : « le 1 se passera en mars et avril,<br />

le 2 en mai et juin, et le 3 en juillet et août pendant Parsifal ».<br />

Cette fois-ci, la révélation parsifalienne n’est pas celle <strong>de</strong> l’amour vrai opposé à la tyrannie <strong>de</strong><br />

la raison, mais celle <strong>de</strong> la passion trompeuse balayée par une « impression d’art ». La<br />

révélation <strong>de</strong> Parsifal peut donc induire aussi bien le début que la fin d’une relation<br />

amoureuse ; aussi bien la fin d’une carrière artistique (Valbert cesse <strong>de</strong> composer) que le<br />

début d’une ambitieuse entreprise littéraire, comme nous le verrons un peu plus loin (cf. ci-<br />

<strong>de</strong>ssous p. 565 )…<br />

Les textes post-wagnériens dont il a été question jusqu’à présent se situaient, pour la plupart,<br />

dans une relation secon<strong>de</strong> par rapport au Parsifal <strong>de</strong> Wagner : soit ils en reprenaient certains<br />

éléments dans une perspective plus ou moins illustrative (Montesquiou, Retté, Louÿs,<br />

Verlaine), soit ils mettaient en scène une représentation <strong>de</strong> Parsifal et se concentraient sur les<br />

effets produits par cette représentation dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> ceux qui y assistent. Les textes <strong>de</strong><br />

Chausson, d’Indy et Dujardin, en revanche, se situent dans un autre registre : ils utilisent tous<br />

431 LOUŸS, VALERY et GIDE, Correspondances à trois voix. 1888-1920, pp. 1481-2.<br />

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