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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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gravure en abyme, ce que cette formule a <strong>de</strong> cruellement nécessaire – et le roman, du même<br />

coup, s’engage tardivement sur la voie <strong>de</strong> ce qui est affiché, dans l’avant-propos, comme une<br />

« version démoniaque » <strong>de</strong> Parsifal et une réhabilitation <strong>de</strong> Wagner.<br />

Certes, plusieurs éléments qui appartiennent au schéma initial du roman ne sont pas<br />

assimilables dans une pure trame percevalienne (cf. ci-<strong>de</strong>ssus p. 423), et il semble que les<br />

<strong>de</strong>ux premiers tiers du roman ne rencontrent cette trame qu’acci<strong>de</strong>ntellement ; mais le <strong>de</strong>rnier<br />

tiers surdétermine si massivement la présence du mythe sous la surface du texte que ces<br />

divergences se trouvent gommées et qu’il ne fait guère <strong>de</strong> doute qu’en fin <strong>de</strong> compte, Au<br />

château d’Argol doit être lu comme une variante du mythe <strong>de</strong> <strong>Perceval</strong>.<br />

Mais il n’en reste pas moins que cette rencontre, trop tardive dans le fil du texte pour qu’il soit<br />

possible d’en mesurer toute la portée, laisse comme un léger arrière-goût d’inabouti. Peu<br />

importe : le second roman sera tout différent. Il parlera d’un petit groupe <strong>de</strong> vacanciers ; l’un<br />

d’eux dégage cette aura particulière <strong>de</strong> celui qui a apprivoisé la mort. Mais à nouveau,<br />

quelques références percevaliennes affleurent à la surface du texte, inci<strong>de</strong>mment : telle image<br />

<strong>de</strong> « terre gaste » (cf. p. 460) ou telle allusion à la <strong>quête</strong> du graal reviennent titiller la mémoire<br />

du texte, et puis, dans le <strong>de</strong>rnier quart du récit, à nouveau, ladite mémoire se précise à travers<br />

les motifs <strong>de</strong> la question à poser, <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption offerte au ré<strong>de</strong>mpteur, <strong>de</strong> la blessure au<br />

côté ou encore <strong>de</strong> la main qui inflige et soigne la blessure (cf. p. 462).<br />

La structure percevalienne, temporairement oubliée, revient donc au galop ; et à nouveau, on<br />

note la position centrale occupée par la figure amfortasienne. Peut-être l’heure est-elle venue<br />

pour Gracq <strong>de</strong> prendre toute la mesure <strong>de</strong> ce mythe vers lequel sa plume l’entraîne pour la<br />

secon<strong>de</strong> fois. <strong>En</strong> même temps qu’il achève Un beau ténébreux, Gracq met sur le métier Le Roi<br />

Pêcheur. Peut-être le théâtre lui a-t-il paru la voie tout indiquée pour faire revivre le mythe,<br />

dans le temps <strong>de</strong> la représentation et sur l’espace <strong>de</strong> la scène. A ce propos, on peut relever<br />

que, paradoxalement, ce choix <strong>de</strong> la forme dramatique ne porte pas Gracq, au contraire <strong>de</strong><br />

Wagner, à exhiber le graal, qui reste dans la pièce un pur objet discursif : la cérémonie du<br />

graal fait bien partie <strong>de</strong>s moments représentés, mais elle se déroule dans un espace qui<br />

échappe au regard du spectateur, lequel ne voit que Kaylet, juché à une fenêtre, qui décrit à<br />

Kundry ce qu’il voit. Jean-Louis Backès, s’interrogeant sur les affinités du mythe et <strong>de</strong> la<br />

représentation théâtrale note que<br />

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