30.06.2013 Views

En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

d’examiner, dans les âges <strong>de</strong> la vie, lequel fournira le plus <strong>de</strong> chance à la maladie<br />

morale d’accomplir ses ravages […] 501<br />

C’est donc l’histoire d’un adolescent qui nous est racontée sous l’autorité <strong>de</strong> Parsifal, clamée<br />

par le titre et expliquée dans la « présentation d’un mythe » qui occupe les premières pages :<br />

Tout jeune homme est Parsifal qui, au seuil <strong>de</strong> la vie, un matin <strong>de</strong> printemps, a<br />

entendu l’appel <strong>de</strong> l’aventure et, dans la simplicité et naïveté fondamentale <strong>de</strong> sa<br />

nature, croit voir Dieu lui-même en rencontrant <strong>de</strong>s chevaliers tout parés <strong>de</strong> leurs<br />

armes étincelantes. (I, 7)<br />

Matter donne ensuite un rapi<strong>de</strong> résumé <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s articulations du mythe, dans <strong>de</strong>s termes<br />

suffisamment généraux pour qu’il soit possible <strong>de</strong> l’associer aussi à l’itinéraire qui sera celui<br />

<strong>de</strong> son personnage. Il mêle <strong>de</strong>s éléments empruntés à Chrétien, à Wolfram et à Wagner avec<br />

d’autres qui renvoient implicitement à la suite <strong>de</strong> son roman ; la vision du mythe qui en<br />

ressort est très souple. Si l’orthographe wagnérienne est retenue, il paraît d’emblée évi<strong>de</strong>nt<br />

que Matter n’adhère que partiellement à la vision que Wagner donne du mythe. Il retrouve les<br />

mots <strong>de</strong> Gracq lorsqu’il rappelle que « Parsifal n’est pas un mythe tragique » et qu’il n’est pas<br />

non plus un mythe chrétien, ce qui le maintient « ouver[t] à d’autres significations, encore à<br />

dire ». Il poursuit :<br />

Ce n’est pas un hasard si le thème du doute se trouve d’entrée dans le poème <strong>de</strong><br />

Wolfram, - le doute combattu et surmonté, mais non moins incontestable ; tandis que<br />

Wagner, le premier et le seul à donner, pour son temps, une transposition mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong><br />

Parsifal, semble presque l’ignorer. Le doute, et non la foi, est son aventure. (I, 9)<br />

On sent ici se préparer les enjeux principaux <strong>de</strong> la relecture que propose indirectement<br />

Matter : Parsifal raconte l’éducation personnelle d’un adolescent, notamment au contact <strong>de</strong> la<br />

tentation charnelle, mais aussi au contact d’une foi enfermée dans l’institution dogmatique.<br />

Ainsi Matter définit-il le graal <strong>de</strong> façon très ouverte :<br />

Mais qu’est-ce, en définitive, que le Graal et sa <strong>quête</strong> ar<strong>de</strong>nte, sinon l’idéal suprême<br />

qu’aspire à rencontrer sur sa route tout pèlerin <strong>de</strong> l’absolu ? Il habite Parsifal comme<br />

un tourment ininterrompu, comme une soif jamais éteinte, comme le désir <strong>de</strong> voir un<br />

jour - et non dans un « autre mon<strong>de</strong> » - la terre promise, la restauration d’un ordre<br />

disparu, comme une mission d’exterminer le Mal avant même <strong>de</strong> connaître son vrai<br />

visage ; comme cette manie salvatrice aussi, qui peut bien recouvrir une déformation,<br />

un pharisaïsme, plus redoutable et indélébile qu’une lèpre. Le Graal, c’est encore la<br />

501 JEAN MATTER, Parsifal ou le Pays romand, Neuchâtel/Lausanne: La Baconnière (I-II)/L'Âge d'homme (III-<br />

IV), 1968 (I-II)/1982 (III)/1992 (IV), p. 18 du tome I.<br />

298

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!