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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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C’est donc sur une vision assez complète <strong>de</strong> ce corpus que peut s’appuyer Gaston <strong>Paris</strong> pour<br />

exposer, en novembre 1882, les sources médiévales sur lesquelles s’appuie le livret <strong>de</strong><br />

Wagner. A défaut d’avoir entendu la musique, il considère ce livret avec intérêt et<br />

bienveillance, mais il achève tout <strong>de</strong> même son exposé en insistant sur l’origine française <strong>de</strong><br />

toutes ces légen<strong>de</strong>s et en appelant <strong>de</strong> ses vœux, une fois <strong>de</strong> plus, un renouveau français <strong>de</strong><br />

cette matière nationale :<br />

C’est en France qu’ils ont pris jadis la forme qui les a rendus populaires dans toute<br />

l’Europe ; je voudrais que nos poètes, nos musiciens, nos peintres ne laissassent pas<br />

aux étrangers le soin <strong>de</strong> les mettre en œuvre. 439<br />

Ce poète français tant attendu ne vient pourtant pas – du moins pas sur le terrain percevalien.<br />

Nous avons évoqué les déclarations parallèles <strong>de</strong> Quinet et Schuré à propos <strong>de</strong> leurs Merlins<br />

respectifs (cf. ci-<strong>de</strong>ssus p. 181) ; plusieurs autres auteurs s’emparent <strong>de</strong> telle ou telle légen<strong>de</strong><br />

médiévale du terroir pour mener à bien cette entreprise <strong>de</strong> revalorisation d’un patrimoine,<br />

mais Parsifal et Tristan, après Wagner, semblent être <strong>de</strong>s terrains minés.<br />

Il faut attendre les années 1910 pour voir un retour à la matière percevalienne médiévale se<br />

manifester dans le domaine littéraire. Et encore est-ce d’abord seulement dans les marges <strong>de</strong><br />

ce domaine qu’un tel mouvement est observable : en 1914, Maurice Vaucaire, surtout connu<br />

pour ses comédies ou ses paroles <strong>de</strong> chansons, publie Le vrai roman <strong>de</strong> Parsifal. Voici<br />

comment, dans son avant-propos, il introduit son sujet :<br />

Dans les vieux fabliaux <strong>de</strong> Chrestien <strong>de</strong> Troyes et <strong>de</strong> Wolfram d’Eschenbach, Parsifal,<br />

ce chevalier <strong>de</strong> la Table-Ron<strong>de</strong>, est l’ancêtre adorable <strong>de</strong> Don Quichotte : respectueux<br />

et rêveur avec les dames, courageux <strong>de</strong>vant les hommes. 440<br />

Il définit ensuite le Parsifal médiéval comme<br />

le premier sujet d’une tumultueuse féerie : chevauchées, tournois, châteaux en fête,<br />

pelouses exagérément fleuries, pucelles admiratives, dames amoureuses, messires<br />

ébahis. (p. VIII)<br />

Ne retrouvons-nous pas ici une coloration qui rappelle fort le « genre troubadour » et le<br />

Moyen Âge « <strong>de</strong> carton et <strong>de</strong> terre cuite » qu’épinglait Gautier ?<br />

439<br />

GASTON PARIS, "<strong>Perceval</strong> et la légen<strong>de</strong> du Saint-Graal. Réunion du 25 novembre 1882", Bulletin <strong>de</strong> la Société<br />

historique et Cercle Saint Simon (1883), p. 102.<br />

440<br />

MAURICE VAUCAIRE, Le vrai roman <strong>de</strong> Parsifal, <strong>Paris</strong>: Ollendorff, 1914, p. VII.<br />

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