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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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Lorsqu’il tente <strong>de</strong> ressou<strong>de</strong>r l’épée, <strong>Perceval</strong> apparaît comme une figure du scripteur ;<br />

lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> déchiffrer le mystère d’un signe complexe, il se présente plutôt comme une<br />

figure du lecteur.<br />

Ici encore, je me borne à indiquer une piste que je rejoindrai plus tard : après <strong>Perceval</strong>-lecteur,<br />

<strong>Perceval</strong>-poète – tel est le programme. Mais avant d’y parvenir, je voudrais commencer par<br />

suivre un peu plus loin la piste ouverte par la perspective référentielle sur laquelle nous nous<br />

sommes engagés.<br />

• De quelques graals médiévaux qui ne sont pas <strong>de</strong>s coupes<br />

S’il est vrai que la littérature française du graal, à la suite <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong> Boron, s’est assez vite<br />

entendue sur ce qu’il fallait en penser et a rapi<strong>de</strong>ment associé le graal à la coupe dans laquelle<br />

Joseph d’Arimathie avait recueilli le sang du Christ, il est intéressant d’observer ce qu’est<br />

<strong>de</strong>venu ce graal dans d’autres traditions issues également <strong>de</strong> Chrétien, mais prélevées à la<br />

base <strong>de</strong> ce tronc, en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong>s premières branches françaises qui en redéfinissent l’orientation.<br />

Deux textes correspon<strong>de</strong>nt à ces critères : tout d’abord, bien sûr, le Parzival <strong>de</strong> Wolfram von<br />

Eschenbach, et ensuite la Parcevals Saga islandaise.<br />

Bien que ce <strong>de</strong>rnier texte date probablement du début du XIVème siècle, on suppose qu’il est<br />

la version islandaise d’une traduction norvégienne du XIIIème siècle (qui ne nous est pas<br />

parvenue), et la forme même du texte atteste à l’évi<strong>de</strong>nce que la source unique est Chrétien.<br />

<strong>En</strong> particulier (et ce détail est à lui seul une preuve suffisante), le texte <strong>de</strong> la Saga s’arrête<br />

exactement là où se termine ce que nous considérons aujourd’hui comme le texte <strong>de</strong> Chrétien,<br />

ce qui n’est le cas d’aucune autre adaptation <strong>de</strong> l’époque et qui ne se trouve, par ailleurs, dans<br />

aucun manuscrit conservé. De là l’intérêt que les philologues n’ont pas manqué d’accor<strong>de</strong>r à<br />

cette Saga, qui atteste une version <strong>de</strong> la tradition manuscrite antérieure à tous les témoignages<br />

que nous possédons. Aussi Hilka l’utilise-t-il dans la constitution du stemma <strong>de</strong>s manuscrits<br />

<strong>de</strong> Chrétien et mentionne-t-il systématiquement en notes les leçons qu’elle retient ; Fourquet,<br />

<strong>de</strong> son côté, note que<br />

pour situer dans le stemma le ms. qu’a utilisé Wolfram, nous n’avons d’autre<br />

ressource qu’une comparaison portant sur les variantes <strong>de</strong> la tradition directe et <strong>de</strong> la<br />

Saga. 752<br />

752 JEAN FOURQUET, Wolfram d'Eschenbach et le Conte <strong>de</strong>l Graal. Les divergences <strong>de</strong> la tradition du Conte <strong>de</strong>l<br />

Graal <strong>de</strong> Chrétien et leur importance pour l'explication du texte <strong>de</strong> Parzival, <strong>Paris</strong>: P.U.F., "Etu<strong>de</strong>s et<br />

métho<strong>de</strong>s", 1966, p. 16. L’hypothèse <strong>de</strong> Fourquet est que Wolfram a travaillé sur la base <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux manuscrits, le<br />

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