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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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« Ré<strong>de</strong>mption au ré<strong>de</strong>mpteur » : ces mots dont Parsifal dit à Klingsor qu’il les « pri[t]<br />

longtemps pour un salut » mais dont il « compren[d] aujourd’hui le comman<strong>de</strong>ment » (p. 130)<br />

signifient que Parsifal, le ré<strong>de</strong>mpteur, a lui-même besoin <strong>de</strong> gagner sa ré<strong>de</strong>mption. Et <strong>de</strong> qui<br />

pourrait-il l’obtenir, sinon <strong>de</strong> celui dont l’âme est encore dans l’ombre ? « Klingsor serait-il<br />

élu à guérir Parsifal ? » (p. 128) <strong>de</strong>man<strong>de</strong> le sorcier – et Parsifal répond positivement. « Toi !<br />

Klingsor, qui m’as donné la lance, je te prie <strong>de</strong> m’accor<strong>de</strong>r encore ta pénitence, pour assurer<br />

ma gloire » (p. 139) dit-il.<br />

Parsifal invite donc Klingsor à se rendre à Montsalvat le len<strong>de</strong>main pour la cérémonie du<br />

graal, et, après lui avoir laissé son manteau pour qu’il puisse pénétrer dans le domaine du<br />

graal sans encombre, il repart dans la nuit, laissant un Klingsor désemparé et hésitant.<br />

Le len<strong>de</strong>main, Parsifal retar<strong>de</strong> autant qu’il peut le début <strong>de</strong> la cérémonie, puis, finalement,<br />

découvre le graal, au moment où quelqu’un entre et se tapit dans un recoin obscur. L’ombre<br />

qui recouvre la pièce à chaque exposition du graal, contrairement à l’habitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>meure et ne<br />

semble pas vouloir se dissiper.<br />

A cette manifestation céleste, Parsifal, déjà harassé par l’effort physique, chancela :<br />

l’audace <strong>de</strong> son action l’épeura. Il n’avait qu’à dire une parole pour que le miracle<br />

eût lieu […] cette parole précipitait le plus noir <strong>de</strong>s pêcheurs [sic] à la géhenne et il<br />

ne la dit pas. Il pleura, il pleura comme un enfant, comme un fou […] (p. 133)<br />

Soudain, alors que les sanglots se sont répandus comme par contagion dans toute la salle, un<br />

rayon <strong>de</strong> lumière apparaît, qui cherche le <strong>de</strong>rnier arrivé ; celui-ci tente <strong>de</strong> lui échapper, mais<br />

se retrouve percé par la « flèche <strong>de</strong> lumière » et, la face baignée d’un sourire, il s’effondre. La<br />

lumière revient alors dans la salle et, le len<strong>de</strong>main, Parsifal ordonne d’enterrer Klingsor « au<br />

bas <strong>de</strong> sa propre tombe » (p. 134).<br />

9. Digérer la manne wagnérienne<br />

Ce texte, publié dans la revue Aka<strong>de</strong>mos en avril 1909, témoigne sans doute d’une distance<br />

plus gran<strong>de</strong> prise, <strong>de</strong>puis une vingtaine d’années, vis-à-vis <strong>de</strong> l’œuvre <strong>de</strong> Wagner. Il n’en reste<br />

pas moins ancré, encore, dans l’esthétique symboliste qui avait accordé une si gran<strong>de</strong> place au<br />

<strong>de</strong>rnier opéra <strong>de</strong> Wagner. Même si aucun chef-d’œuvre <strong>de</strong> la littérature symboliste n’en a<br />

directement résulté, Parsifal reste sans doute l’œuvre <strong>de</strong> Wagner qui a eu le plus d’influence<br />

sur cette génération d’écrivains. Par son mélange <strong>de</strong> mysticisme et <strong>de</strong> sensualité, elle conjoint<br />

<strong>de</strong> façon particulièrement efficace <strong>de</strong>ux élans qui sont au cœur <strong>de</strong> l’esthétique symboliste.<br />

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