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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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Après Eco et Iser, il faut encore citer le troisième grand théoricien <strong>de</strong> la réception : Hans<br />

Robert Jauss, dont les réflexions sur le mythe ont pris <strong>de</strong>s tournures assez diverses, mais qui<br />

propose certaines mises au point du plus haut intérêt pour notre sujet.<br />

Si je parle <strong>de</strong> « tournures diverses », c’est parce que la vision du mythe qui se dégage <strong>de</strong> Pour<br />

une théorie <strong>de</strong> la réception (1972-5) est étonnamment négative, comme le relève Sylvie<br />

Puech :<br />

La condamnation du recours au mythe comme solution « pseudo-communicative »<br />

témoigne d’une conception très réductrice du mythe, l’histoire <strong>de</strong> la culture étant<br />

envisagée [par Jauss] comme celle <strong>de</strong>s victoires successives remportées par la raison<br />

sur les mythes toujours synonymes d’obscurantisme. Jauss ne semble concevoir que<br />

<strong>de</strong>ux attitu<strong>de</strong>s possibles à l’égard du mythe : ou l’on y croit, c’est-à-dire pour Jauss<br />

qu’on en est prisonnier, ou l’on n’y croit plus et « la mythologie […] s[e] dégrad[e]<br />

en fiction et […] n’a plus qu’un intérêt historique ». 72<br />

Et elle conclut : « C’est sans doute l’absence <strong>de</strong> distinction chez Jauss entre mythe et mythe<br />

littéraire qui explique cette opposition par trop schématique » 73 .<br />

Jauss, pourtant, ne persistera pas dans cette « absence <strong>de</strong> distinction » ; bien au contraire, il<br />

proposera, dans Pour une herméneutique littéraire (1982), quelques outils hautement<br />

opératoires pour progresser sur la voie d’une définition du mythe littéraire. Il faut dire que<br />

dans les années qui séparent ce <strong>de</strong>rnier essai <strong>de</strong> Pour une théorie <strong>de</strong> la réception,<br />

Blumenberg, avec qui Jauss avait <strong>de</strong>s contacts étroits, publie son ouvrage Arbeit am Mythos<br />

(1979), qui est une référence centrale pour tout ce que touche au mythe dans Pour une<br />

herméneutique littéraire.<br />

12. L’« Adam interrogateur » <strong>de</strong> Jauss<br />

La première partie <strong>de</strong> ce texte est intitulée « L’herméneutique <strong>de</strong> la question et <strong>de</strong> la<br />

réponse » ; son premier chapitre, « Adam interrogateur », place à la source <strong>de</strong> ce parcours<br />

herméneutique « la première question à être posée à l’homme dans l’histoire biblique » 74 :<br />

« Adam, où es-tu ? » (Gen, III, 9). Jauss note la verticalité univoque qui caractérise cette<br />

question, puisque celle-ci ne peut venir que d’en haut. Il qualifie cette configuration <strong>de</strong><br />

« disposition autoritaire » qui<br />

72<br />

BALLESTRA-PUECH, "Quand les mythes <strong>de</strong>viennent jeux", p. 208.<br />

73<br />

I<strong>de</strong>m<br />

74<br />

HANS ROBERT JAUSS, Pour une herméneutique littéraire, <strong>Paris</strong>: Gallimard, 1988 [1982], p. 34.<br />

35

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