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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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maison et se cache dans une forêt où il voit un roi avec ses chasseurs et il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> les<br />

suivre » 591 .<br />

Voilà donc un autre cas, plutôt anecdotique, où le rapprochement intertextuel semble assez<br />

net, mais où aucune dimension <strong>de</strong> réécriture du mythe n’apparaît, dans la mesure où les motifs<br />

repris, même s’il y en a plusieurs, sont tous puisés à la surface du texte et contribuent à<br />

donner une coloration narrative agréable à une vie <strong>de</strong> saint plutôt qu’à susciter entre <strong>de</strong>ux<br />

figures une assimilation qui, en l’occurrence, serait probablement difficile à justifier.<br />

Dans la série <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong>stinés à mener dans la littérature une vie indépendante <strong>de</strong> leur<br />

source, j’ai mentionné les motifs wagnériens du baiser révélateur, ou encore celui <strong>de</strong>s filles-<br />

fleurs ou du jardin enchanté <strong>de</strong> Klingsor. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit <strong>de</strong> motifs<br />

dont la littérature symboliste, wagnérisée à l’extrême, a usé sans réserve.<br />

Nous avons déjà passé en revue, dans la partie diachronique, quelques textes qui actualisent le<br />

motif du baiser révélateur : d’Indy, Schuré, Dujardin et Matter.<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong>s filles-fleurs, nous avons vu que Montesquiou et Dujardin mettaient tous<br />

<strong>de</strong>ux en scène <strong>de</strong>s « Floramyes » ; ce terme apparaît aussi sous la plume <strong>de</strong> Retté 592 . Vielé-<br />

Griffin emploie, pour désigner ces filles-fleurs, un terme nettement plus suggestif : les « fleurs<br />

du mal » :<br />

[…]<br />

Mais ta folle chanson ne berçait pas mon âme,<br />

O Mer libidineuse, en ce lourd soir d’été ;<br />

Je n’avais pas au cœur un nom rieur <strong>de</strong> femme,<br />

Je n’ouvrais pas mon cœur à ta lubricité,<br />

Et, comme Parsifal au jardin érotique<br />

Parmi les fleurs du mal et leurs tentations,<br />

Je n’ai songé, ce soir, qu’au Chef-d’œuvre authentique<br />

Où doivent converger toutes nos passions. 593<br />

Signalons encore, avant d’y revenir plus loin, les « jeunes filles en fleur » proustiennes.<br />

591 JOSEPH SZÖVÉRFFY, "Deux héros féodaux : <strong>Perceval</strong> et Saint Christophe", Aevum, no 36 (1962), p. 266.<br />

592 Dans un quatrain du « Vers doré », le poète s’adresse à Titania en ces termes : « Ma Triste, que n’es-tu la<br />

seule Floramye / Qui tente un Parsifal troublé dans sa can<strong>de</strong>ur : / Le Réel te redoute et le Rêve t’envie – / Et ton<br />

âme est en <strong>de</strong>uil au seuil noir <strong>de</strong> ton cœur. » (RETTÉ, L'Archipel en fleurs, p. 39).<br />

593 FRANCIS VIELE-GRIFFIN, Cueille d’avril, dans Œuvres I-II, Genève: Slatkine Reprints, 1977 [1924], p. 14.<br />

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