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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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triomphante <strong>de</strong> la plus sublime musique, <strong>de</strong> l’effort poétique peut-être définitif <strong>de</strong> ces<br />

temps-ci ! 400<br />

Jean-Louis Backès suggère que le poème « Saint Graal », qui évoque l’espérance <strong>de</strong> voir<br />

ruisseler sur la triste France le sang ré<strong>de</strong>mpteur <strong>de</strong> Jésus-Christ, serait à lire comme une<br />

superposition <strong>de</strong> l’histoire contemporaine <strong>de</strong> la France dans les années 1870 avec la situation<br />

du château <strong>de</strong> Montsalvat, chez Wagner, où l’on persiste à célébrer dans la douleur les<br />

mystères du Graal, dans l’espérance d’une proche ré<strong>de</strong>mption.<br />

Mais ce « sang réel », sang du Christ ré<strong>de</strong>mpteur, c’est aussi, pour Verlaine, celui <strong>de</strong><br />

l’eucharistie, dont il parle ailleurs comme du « premier et du plus persuasif <strong>de</strong>s<br />

sacrements » 401 . La citation <strong>de</strong> Thomas d’Aquin qui figurait en épigraphe <strong>de</strong> la première<br />

édition du sonnet, dans la Revue wagnérienne, est d’ailleurs explicitement orientée dans ce<br />

sens 402 .<br />

Dans cette perspective, le pendant du Sang, c’est évi<strong>de</strong>mment la Chair, écrite avec majuscule,<br />

comme elle apparaît dans le <strong>de</strong>rnier vers du recueil Sagesse (« Dieu moissonne, et vendange,<br />

et dispose à ses fins / La Chair et le Sang pour le calice et l’hostie ! ») ; comme elle apparaît<br />

encore dans le poème « Juin » <strong>de</strong>s Liturgies intimes (« Mois splendi<strong>de</strong> du Sang Réel, <strong>de</strong> la<br />

Chair Vraie », v. 6) ; comme elle apparaît, enfin, dans notre « Parsifal », où nous trouvons le<br />

Sang (réel) au vers 13 et, au vers 3, la Chair.<br />

Mais si le Sang réel renvoie bien, dans les trois poèmes cités, à l’eucharistie, la Chair évoquée<br />

dans « Parsifal », en revanche, se distingue radicalement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux autres exemples<br />

mentionnés en ce qu’elle désigne la chair tentatrice, et non l’hostie.<br />

On trouve évi<strong>de</strong>mment, dans la poésie <strong>de</strong> Verlaine, <strong>de</strong> très nombreux emplois du mot<br />

« chair » dans ce sens, mais le plus souvent, il est écrit sans majuscule initiale. Or, l’étu<strong>de</strong><br />

« génétique » <strong>de</strong> plusieurs poèmes <strong>de</strong> Verlaine montre qu’il attachait beaucoup d’importance<br />

à cette question <strong>de</strong>s majuscules, et qu’il en ajoutait ou en supprimait volontiers lorsqu’il<br />

retouchait ses poèmes. Ainsi, par exemple, dans la première édition <strong>de</strong> notre sonnet, dans la<br />

Revue wagnérienne, le « Réel » <strong>de</strong> « Sang Réel » était-il doté d’une majuscule, supprimée<br />

dans la version définitive.<br />

400<br />

PAUL VERLAINE, Oeuvres en prose complètes, éd. Jacques Borel, <strong>Paris</strong>: Gallimard, "Bibliothèque <strong>de</strong> la<br />

Pléia<strong>de</strong>", 1972, p. 752.<br />

401<br />

Ibid., p. 1000.<br />

402<br />

« Dedit et tristibus sanguinis poculum » (tristibus [s.e discipulis]), tiré <strong>de</strong> l’hymne Sacris solemnis.<br />

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