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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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littéraire, qui couche les textes les uns sur les autres en un fertile corps à corps où l’ordre<br />

d’arrivée est marqué pour toujours.<br />

Le mythe littéraire est un mythe historicisé à un double titre : non seulement parce qu’il prend<br />

place dans l’histoire humaine, s’y inscrivant comme l’expression d’un rapport au mon<strong>de</strong><br />

singulier, mais aussi, parce qu’il marque une étape <strong>de</strong> sa propre histoire, qu’il écrit en se<br />

constituant.<br />

Je retiens donc la distinction proposée par Jauss entre le monologisme du mythe ethno-<br />

religieux et le dialogisme intrinsèque du mythe littéraire, pris dans une dynamique<br />

intertextuelle <strong>de</strong> questions et <strong>de</strong> réponses, et je serais tenté <strong>de</strong> formuler mon quatrième critère<br />

définitoire <strong>de</strong> la façon suivante : « le mythe littéraire est un objet historique, ancré dans une<br />

diachronie dont il manifeste une certaine conscience ».<br />

Cette formulation, pourtant, n’est pas encore tout à fait satisfaisante, et cela pour <strong>de</strong>ux<br />

raisons : la première est qu’il faudrait spécifier comment un mythe peut « manifester une<br />

conscience » <strong>de</strong> quelque chose. La secon<strong>de</strong> tient au fait qu’ainsi formulé, ce critère<br />

s’accor<strong>de</strong>rait mal aux trois autres.<br />

Il me semble pourtant qu’il est possible d’appréhen<strong>de</strong>r d’un seul bloc ces <strong>de</strong>ux problèmes en<br />

rendant explicite la différence <strong>de</strong> nature qui existe entre ce critère et les trois autres. Il s’agit<br />

d’une question <strong>de</strong> point <strong>de</strong> vue sur l’objet considéré. <strong>En</strong> effet, les <strong>de</strong>ux critères <strong>de</strong> Sellier<br />

restent, comme nous l’avons vu, dans une pure immanence : l’objet est décrit hors <strong>de</strong> tout<br />

contexte, dans ses propriétés intrinsèques. Le critère lié à la « fascination » décrit l’objet à<br />

travers ses effets ; il sort <strong>de</strong> l’objet proprement dit pour inclure dans sa définition <strong>de</strong>s éléments<br />

contextuels qui le caractérisent. Mais il reste tout <strong>de</strong> même attaché aux propriétés <strong>de</strong> l’objet en<br />

soi. Lorsque, par exemple, on définit une « merveille » comme une « chose qui cause une<br />

intense admiration » (Petit Robert), on implique aussi l’effet produit par l’objet dans sa<br />

définition, sans que cela nous porte à sortir <strong>de</strong> ses propriétés « objectives ».<br />

Il n’en va pourtant pas <strong>de</strong> même lorsqu’on définit le mythe littéraire par son caractère d’objet<br />

historique, dans ce sens que c’est notre regard qui le constitue en un objet historique qu’il<br />

n’est pas par nature. Il y a, dans ce critère définitionnel, une intentionnalité, au sens où<br />

l’entend Husserl ; une prise en compte <strong>de</strong> la visée <strong>de</strong> conscience dans la définition <strong>de</strong> l’objet.<br />

C’est dans une optique résolument teintée <strong>de</strong> phénoménologie qu’une telle façon d’envisager<br />

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