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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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i. De la Renaissance à Wagner<br />

1. Les romans <strong>de</strong> chevalerie à la Renaissance<br />

A partir <strong>de</strong> la fin du Moyen Âge, disais-je, l’ensemble <strong>de</strong>s récits médiévaux connaît une<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> disette. Depuis les grands cycles <strong>de</strong> prose du XIIIème siècle, la matière arthurienne<br />

n’a plus guère produit <strong>de</strong> textes originaux. Hormis quelques synthèses ou traductions, qui<br />

continuent <strong>de</strong> se répandre à travers l’Europe, rien <strong>de</strong> foncièrement nouveau n’apparaît sous le<br />

soleil arthurien, qui paraît résolument déclinant et dont les ultimes rougeurs sont déjà<br />

dissipées par les éblouissements <strong>de</strong> la Renaissance – éclats mêlés du soleil athénien retrouvé<br />

et <strong>de</strong>s nouvelles lumières <strong>de</strong> l’esprit, enfin échappé <strong>de</strong>s oubliettes où l’obscurantisme<br />

médiéval l’avait relégué. Telle est, du moins, la façon dont les esprits graves, <strong>de</strong> manière<br />

générale, jugeaient alors le Moyen Âge et, en particulier, la littérature chevaleresque :<br />

d’Erasme à Montaigne, on ne trouve guère <strong>de</strong> voix parmi les humanistes pour revaloriser cette<br />

littérature à laquelle Cervantès portera le coup <strong>de</strong> grâce en la ridiculisant dans son Don<br />

Quichotte. Dans l’essai De l’institution <strong>de</strong>s enfants, après avoir évoqué son « premier goust »<br />

<strong>de</strong>s livres, puisé, à l’« aage <strong>de</strong> sept ou huict ans » dans les « fables <strong>de</strong> la Métamorphose<br />

d’Ovi<strong>de</strong> », Montaigne ajoute :<br />

Car <strong>de</strong>s Lancelots du Lac, <strong>de</strong>s Amadis, <strong>de</strong>s Huons <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aus, et tel fatras <strong>de</strong> livres<br />

à quoy l’enfance s’amuse, je n’en connoissois pas seulement le nom, ny ne fais encore<br />

le corps. 178<br />

De manière générale, on ne voit qu’un divertissement frivole dans cette littérature dont les<br />

enjeux ne sauraient intéresser les gens sérieux.<br />

Pourtant, la première moitié du XVIème siècle conserve un intérêt relativement significatif<br />

pour cette matière. Plusieurs textes médiévaux, parmi lesquels <strong>de</strong>s romans <strong>de</strong> chevalerie, sont<br />

édités pendant cette pério<strong>de</strong>, ce qui ne sera plus guère le cas après la Pléia<strong>de</strong>. Jean Frappier<br />

relève par ailleurs que François Ier lui-même, « au temps <strong>de</strong> son adolescence, […] avait nourri<br />

son imagination <strong>de</strong>s merveilles et <strong>de</strong>s aventures <strong>de</strong> Bretagne », ce qui explique le « renouveau<br />

brillant, si artificiel fût-il, que connut l’idéal chevaleresque à la cour du premier Valois-<br />

Angoulême » 179 . Il poursuit en affirmant que « Marguerite <strong>de</strong> Navarre a tenu la matière <strong>de</strong><br />

178 MICHEL DE MONTAIGNE, Essais, dans Oeuvres Complètes, éd. Albert Thibau<strong>de</strong>t et Maurice Rat, <strong>Paris</strong>:<br />

Gallimard, "Bibliothèque <strong>de</strong> la Pléia<strong>de</strong>", 1962, p. 175.<br />

179 JEAN FRAPPIER, "Les Romans <strong>de</strong> la Table Ron<strong>de</strong> dans les lettres en France au XVIème siècle", dans Moyen<br />

Âge et Littérature comparée. Actes du septième congrès national (Poitiers, 1965), <strong>Paris</strong>: Didier, "Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

littérature étrangère et comparée", 1967, p. 87.<br />

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