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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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conclut tout <strong>de</strong> même son « florilège élogieux » en concédant que l’héritage <strong>de</strong> la Table ron<strong>de</strong><br />

dans la littérature <strong>de</strong> la Renaissance semble s’être « presque complètement perdu chez nous, à<br />

la différence <strong>de</strong> ce qui s’est passé <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la Manche » où Malory a établi « un lien<br />

soli<strong>de</strong> entre la littérature mo<strong>de</strong>rne et les romans bretons » 185 .<br />

Si j’ai, pour ma part, reproduit une bonne partie <strong>de</strong> ce florilège, ce n’est pas tant pour insister<br />

sur la survivance <strong>de</strong> la matière arthurienne dans la littérature <strong>de</strong> la Renaissance que pour<br />

illustrer les motifs qui prési<strong>de</strong>nt aux quelques mentions qui en sont faites. <strong>En</strong> effet, le<br />

principal intérêt que paraît présenter la matière <strong>de</strong> Bretagne aux yeux <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> la<br />

Renaissance tient dans une question <strong>de</strong> tradition nationale, et on constate que l’Arioste agit<br />

comme un aiguillon qui pique l’esprit national <strong>de</strong>s poètes. Cet aiguillon, pourtant, ne se révèle<br />

pas suffisamment puissant pour susciter <strong>de</strong> nouvelles œuvres, et les seuls textes d’écrivains<br />

qu’il soit possible <strong>de</strong> convoquer pour montrer que l’intérêt suscité par les romans <strong>de</strong><br />

chevalerie n’a pas tout à fait disparu, ce sont <strong>de</strong>s « arts poétiques ».<br />

Mais ces quelques velléités <strong>de</strong> retour à la matière <strong>de</strong> Bretagne s’estompent et disparaissent<br />

presque complètement au XVIIème siècle. Un parcours <strong>de</strong> quelques listes <strong>de</strong> livres aux<br />

XVIème et XVIIème siècles porte Michel Simonin à constater que<br />

<strong>de</strong> victime, le roman <strong>de</strong> chevalerie va servir à en faire ; <strong>de</strong> cible, il va être transformé<br />

en arme : l’opprobre qui lui est attachée, <strong>de</strong>venue contagieuse, servira à souiller celui<br />

qui le lit, le possè<strong>de</strong> ou le vend. 186<br />

Les romans <strong>de</strong> chevalerie, ainsi, se trouvent réduits à <strong>de</strong>s titres utilisés dans une perspective<br />

<strong>de</strong> dépréciation ou <strong>de</strong> moquerie. Comme le note encore Michel Simonin,<br />

les textes cités qui parlent tant <strong>de</strong> l’ancienne littérature n’en disent rien, ne peuvent<br />

rien en dire et sont sans doute responsables d’un discrédit pétrifiant : qui pouvait<br />

songer, sinon les « antiquaires », issus <strong>de</strong> Fauchet, à aller plus loin que le titre ? 187<br />

<strong>En</strong> tous cas pas Montaigne, lequel, comme nous l’avons vu, confesse – ou plutôt se flatte <strong>de</strong><br />

ne connaître, précisément, que les titres <strong>de</strong> ces ouvrages.<br />

185 Ibid., p. 91.<br />

186 MICHEL SIMONIN, "La réputation <strong>de</strong>s romans <strong>de</strong> chevalerie selon quelques listes <strong>de</strong> livres (XVIe-XVIIe<br />

siècles)", dans Mélanges <strong>de</strong> langue et littérature françaises du Moyen Âge et <strong>de</strong> la Renaissance offerts à Charles<br />

Foulon, vol. I, Rennes: <strong>Université</strong> <strong>de</strong> Haute-Bretagne, 1980, p. 363.<br />

187 Ibid., p. 369.<br />

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