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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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On peut donc relever une propension à rapatrier dans le texte même (et à utiliser comme<br />

éléments narratifs) <strong>de</strong>s traits qui appartiennent à la tradition historique du texte plutôt qu’à sa<br />

matière propre – c’est-à-dire, par exemple, à considérer comme interne au texte même<br />

l’incertitu<strong>de</strong> née <strong>de</strong> la confrontation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux « certitu<strong>de</strong>s » divergentes présentées par <strong>de</strong>s<br />

textes différents. Cette façon <strong>de</strong> faire atteint son point culminant dans la scène où le graal se<br />

manifeste à la cour d’Arthur, au moment où Galaad vient d’y faire son entrée. C’est d’abord<br />

Blaise (à qui Delay et Roubaud attribuent une très gran<strong>de</strong> importance) qui raconte la scène <strong>de</strong><br />

la façon suivante : « alors paraît le Saint-Graal voilé d’une pièce <strong>de</strong> soie blanche. Il entre par<br />

la grand porte et dès qu’il pénètre la salle s’emplit d’o<strong>de</strong>urs appétissantes » 515 . Puis c’est Ké<br />

qui prend la parole, pour s’étonner <strong>de</strong> ce que tout le mon<strong>de</strong> ait été servi sans son ai<strong>de</strong> : « tout<br />

le mon<strong>de</strong> l’a vu » dit-il, « c’était un grand chaudron ». Ce à quoi Gauvain réplique :<br />

Pas du tout sénéchal d’ailleurs les nappes sont immaculées. Y a-t-il la moindre trace<br />

<strong>de</strong> cette nourriture dont tu parles la moindre miette la moindre tache <strong>de</strong> vin ? Non.<br />

Sous le voile blanc et transparent brillait une étoile à cinq branches un pentacle serti<br />

<strong>de</strong> pierres précieuses […]<br />

Girflet relève que<br />

à Tolè<strong>de</strong> en Hispanie un chevalier teuton qui se nommait Wolfram Wolfram von<br />

Eschen von Eschenbach eut une vision plus proche <strong>de</strong> celle dont parle messire<br />

Gauvain que du chaudron <strong>de</strong> Ké. Il la nommait lapis exilis la pierre d’exil.<br />

Lancelot, quant à lui, a vu « une <strong>de</strong>moiselle […] vêtue <strong>de</strong> soie blanche qui portait le vase<br />

resplendissant » 516 . <strong>Perceval</strong>, enfin, insiste sur le fait qu’il n’y avait personne qui portait le<br />

plat. « Le plat que j’ai vu est l’écuelle du <strong>de</strong>rnier repas que fit monseigneur Jésus avec ses<br />

disciples quand il mangea avec eux l’agneau pascal », et c’est aussi, selon lui, l’écuelle que<br />

Joseph d’Arimathie remplit du sang divin.<br />

Quant à Arthur, il n’a rien vu. Il note que « d’habitu<strong>de</strong> […] nous voyons tous la même chose.<br />

Si un chevalier arrive couché sur une litière personne ne le voit <strong>de</strong>bout », et il interroge<br />

Galaad, qui vient <strong>de</strong> réussir à retirer une épée fichée dans un perron et à s’asseoir sur le Siège<br />

Périlleux, pour savoir ce que lui a vu. Et l’Élu <strong>de</strong> répondre : « Galaad a vu ce qu’il a vu avec<br />

l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu ».<br />

515 Ibid., p. 503.<br />

516 Ibid., p. 504.<br />

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