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En quête de Perceval - Université Paris-Sorbonne

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à Dieu et à la nature resplendissante <strong>de</strong> ce jour. Et il se trouve que cet éblouissement est<br />

intimement lié à la musique que joue l’orgue à ce moment :<br />

La musique n’est pas ennemie du silence. Jamais pourtant Clau<strong>de</strong> ne se douta<br />

exactement si elle seule avait permis, par la suite, qu’il chargeât à tel point <strong>de</strong> pensée<br />

cette minute unique. (I, 84)<br />

Plusieurs semaines plus tard, il est tout à coup tiré <strong>de</strong> sa lecture par une musique que diffuse la<br />

radio : il reconnaît « le thème inoubliable » que l’orgue avait joué ce dimanche-là, étoffé par<br />

les sonorités <strong>de</strong> l’orchestre. « J’attendis en silence la fin du morceau. Richard Wagner !<br />

C’était la première fois que ces syllabes magiques retentissaient à mon oreille » (I, 166).<br />

Le texte ne nous livre pas ici plus <strong>de</strong> détails, mais nous apprendrons près <strong>de</strong> 200 pages plus<br />

loin que cette musique était l’« <strong>En</strong>chantement du Vendredi saint ». Une fois <strong>de</strong> plus, c’est<br />

donc cette pièce <strong>de</strong> Wagner qui provoque, ou du moins participe à provoquer un<br />

éblouissement et une vocation – car c’est à l’issue <strong>de</strong> cette illumination que Clau<strong>de</strong> parle au<br />

pasteur <strong>de</strong> sa volonté <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir prêtre. Pourtant, sur le moment déjà, Clau<strong>de</strong> ressent une<br />

tension irrésolue entre les <strong>de</strong>ux parts <strong>de</strong> son éblouissement : comment concilier l’émotion liée<br />

à la passion du Christ à celle que lui procure la beauté <strong>de</strong> la nature qui s’éveille ? Parsifal<br />

d’ailleurs, chez Wagner, s’étonnait <strong>de</strong> la même chose lorsque, après avoir admiré la beauté <strong>de</strong><br />

la nature (dans <strong>de</strong>s vers que Matter cite en épigraphe <strong>de</strong> ce troisième livre), il apprend que ce<br />

jour est celui <strong>de</strong> l’« ultime torture » du Christ.<br />

Plus loin, un autre passage fournit l’occasion <strong>de</strong> mesurer l’ambivalence <strong>de</strong> la foi <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> :<br />

un ami lui prête La Réponse du Seigneur d’Alphonse <strong>de</strong> Châteaubriant, sans doute parce qu’il<br />

a été touché par l’image <strong>de</strong> la prière symbolisée par le papillon (cf. ci-<strong>de</strong>ssus p. 286). Mais ce<br />

qui tourmente surtout Clau<strong>de</strong>, c’est une autre image : celle <strong>de</strong> la « recluse <strong>de</strong> la tour ». <strong>En</strong><br />

effet, le roman en question raconte comment un jeune homme est accueilli par un vieillard qui<br />

le considère comme celui qu’il a toujours attendu et auquel il semble vouloir faire partager<br />

une gran<strong>de</strong> joie. Dans son imagination, le jeune homme se figure qu’il est question d’une très<br />

belle jeune femme qui séjourne dans une <strong>de</strong>s tours du château et que son hôte lui <strong>de</strong>stine ;<br />

aussi n’est-ce pas sans une certaine déception qu’il entend que la fonction si haute à laquelle<br />

le vieil homme le <strong>de</strong>stine consiste simplement à aller diffuser dans le mon<strong>de</strong> la révélation <strong>de</strong><br />

la prière contemplative.<br />

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